“Nightingales in Baghdad” – 1920s-1950s Iraqi music, archives and live performance
Type de matériel :
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« Une nuit parmi mille je suis tombée sur une vidéo YouTube grésillante en noir et blanc de Salima Mourad, la plus grande chanteuse irakienne du xxe siècle. Bien que la majorité des archives musicales irakiennes pré-révolution aient été détruites au cours des dernières décennies, certains documents et connaissances ont été sauvegardés dans un cadre familial. Aujourd’hui, ces derniers sont postés sur Internet et font renaître un passé qui n’existe plus mais qui n’a jamais autant été diffusé, grâce aux technologies numériques, au sein de la diaspora irakienne et au-delà ». Ainsi commence « Les Rossignols de Bagdad », ma performance live récemment produite à propos de l’âge d’or de la musique irakienne. Une performance mêlant texte, musique et VJ (vidéo-DJ) qui met au cœur de son récit la question de mémoires oubliées – parfois volontairement – à travers l’utilisation d’archives vidéo, audio et visuelles. Cet article vise à dévoiler la genèse du spectacle ainsi que les défis liés à l’identification et à l’obtention d’archives de bonne qualité. Il esquisse enfin des solutions permettant de passer outre des documents de qualité moindre ou absents tout en restituant une image aussi fidèle que possible d’un Bagdad d’antan. Créé à l’Institut du monde arabe (2017) et présenté à l’Institut des cultures d’Islam (2018) ainsi qu’au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (2020), « Les Rossignols de Bagdad » témoignent du pouvoir de l’archive dans la création artistique et de son rôle dans la persistance de déséquilibres de pouvoir entre anciennes puissances coloniales et colonies ainsi que des avantages et inconvénients de la numérisation d’archives amateure.
“Once upon a night, I stumbled upon a blurry black and white Youtube video of Salima Murad, the greatest Iraqi singer of the 20th century. While most of musical memories from pre-revolutionary Iraq have been destroyed during the past decades, some have been preserved as of family archives. Today, they have been uploaded on the Internet and digitally recreate a past that no longer exists, yet is gaining unprecedented exposure both within the Iraqi diaspora and beyond”. Hence starts the live creation I produced about the golden age of Iraqi music. It puts the question of forgotten – not to say erased – memories at the heart of its narrative while heavily relying on video, sound and image archives that I painstakingly sourced, curated and edited into a performance mixing music, storytelling and VJ (video-dj). In this paper I unveil the making of this show, focusing on the challenges to locate and obtain high definition archives. I also explain how I addressed these obstacles and played on the lack and/or lesser quality of these pieces to bring back to life as faithful and vibrant an image of bygone Baghdad as was possible. Shown at the Institut du monde arabe (2017), the Institut des Cultures d’Islam (2018) and the musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (2020), “Nightingales in Baghdad” echoes the power of archives in arts, the enduring imbalance in archives ownership between former colonies and colonial powers as well as the pros and cons of amateur archive digitalization.
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