« Demain, c’est loin ». Transitions socioprofessionnelles des jeunes non diplômés
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Tel le scrupule dans la chaussure, la question des jeunes « non diplômés » taraude le corps social. Certains analystes (Cahuc et al., 2011) n’hésitent pas à considérer cette fraction de la jeunesse comme une population sacrifiée qui ne peut partager un destin commun avec les autres composantes de sa génération. L’absence de diplôme stigmatise les individus concernés à double titre. Sur le marché de l’emploi on les suppose incompétents (ou insuffisamment productifs) dans la mesure où ils ne peuvent se prévaloir d’une certification professionnelle. Par ailleurs, leur sortie prématurée du système éducatif, perçue comme un refus d’adhérer aux normes de l’école, les marque du sceau de l’indocilité et interroge leur capacité à l’intégration sociale (Geay, 2003). Cette représentation est le produit de différents processus sociopolitiques par lesquels la massification de l’enseignement et l’installation d’un chômage durable des jeunes au cours des années 1970 ont renforcé le phénomène « d’emprise » du diplôme sur la société française (Dubet et al., 2010). De plus, les politiques européennes appréhendent le décrochage scolaire à l’aune du diplôme. En France, la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne du début des années 2000 a ainsi eu pour conséquence de déplacer la question traditionnelle des « non-qualifiés » vers celle des non-diplômés (Steedman et Verdier, 2010). On rappellera que dans cette perspective, l’ambition est de limiter à 10 % le taux des jeunes sortis précocement du système scolaire1.
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