An Andalusian lexicographer reading an Oriental grammarian
Type de matériel :
- transmission et évolution de la pensée arabe sur le langage
- théories grammaticales arabes
- lexicographie andalouse
- philosophie grecque et pensée arabe sur le langage
- Nature du langage
- Andalusi lexicography
- Nature of language
- Greek philosophy and Arabic thought on language
- Arabic grammatical theories
- transmission and evolution of Arabic thought on language
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Dans l’introduction de son important dictionnaire, al-Muḫaṣṣaṣ, Ibn Sīda, le plus célèbre des lexicographes andalous, né à Murcia et mort à Dénia en 458/1066, présente, au titre de fondement de son ouvrage, sa conception de la nature et de l’origine du langage. Cette dernière théorie, ainsi que l’observait déjà Loucel en 1964, est empruntée, quasiment à la lettre près, à al-Ḫaṣāʾiṣ, la grande œuvre épistémologique du grammairien d’origine grecque du IVe/ Xe siècle, Ibn Ǧinnī, sans que ceci ne soit explicitement mentionné. Le passage étant pris presque littéralement, il a été décrit comme un emprunt servile et ne sera plus à notre connaissance, depuis les années 1960, étudié plus avant. Nous nous proposons, dans cette présentation, de montrer que les relations d’Ibn Sīda à Ibn Ǧinnī sont bien plus complexes que ne le laisse soupçonner cette première impression. Et, qu’au vrai, Ibn Sīda procède néanmoins à une relecture avec des différences significatives qui laissent penser qu’une autre conception de la nature du langage pourrait être en jeu.
In his important dictionary, al-Muḫaṣṣaṣ, Ibn Sīda, the most distinguished Andalusian lexicographer, born in Murcia and died in Denia in 458/1066, presents, as the foundations of his work, a conception of the nature of language and the origin of speech. The latter theory is borrowed, almost literally, from al-Ḫaṣāʾiṣ, without this being stated explicitly. Al-Ḫaṣāʾiṣ, as we know, is the epistemological work of Ibn Ǧinnī, a great Baġdādi grammarian of Greek origin of the 4th/10th century. As Ibn Ǧinnī’s extract seems to be taken literally, Ibn Sīda’s passage has been described as a servile borrowing and has not, to our knowledge, been more extensively studied. I will try in this paper to show that this is, in fact, a reading with significant differences about some important points, leading to a somewhat different conception of language. Some aspects of Ibn Sīda’s relation to Ibn Ǧinnī’s work will be examined in this regard.
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