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Cet article mène l’enquête dans les éditions 1976 à 2017 du Rapport annuel sur l’état de la fonction publique pour retracer l’histoire de la quantification des emplois précaires au sein de l’État. Les conventions de mesure associées aux instruments de connaissance sur les effectifs de l’État invisibilisent ses agents les plus précaires, dans un contexte social où leur nombre est régulièrement scruté par l’État employeur et les représentants syndicaux des fonctionnaires. Sur les dix dernières années, le recours aux emplois non titulaires s’est banalisé : leur accroissement dans les effectifs de l’État, associé à leur concentration dans les établissements publics, atteste d’une profonde recomposition du système d’emploi public en France.

This paper addresses the construction of statistical knowledge on precarious employment in the French civil service, based on the annual statistical reports published by the French government administration between 1976 and 2017. It shows that the most precarious forms of public employment are not easily identified and counted, a process that depends on gradual improvement of the statistical instruments for measuring the civil service workforce, but also on the identification and counting conventions used. The growing number and share of precarious workers in the different levels of the administration was an important social and political issue for civil servants’ unions and for the State as employer for decades, until the system of public employment was profoundly transformed; hiring non-tenured employees is now common practice.