Histoires de dots, de familles et de transmission de biens à Athènes
Type de matériel :
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Cette étude sur la reproduction sociale de la famille et la transmission du patrimoine dans les familles de l’élite athénienne, pendant la deuxième moitié du xixe et les premières décennies du xxe siècle, se forme autour de quatre familles. Les deux premières familles sont des familles philhellènes installées à Athènes suite à la Révolution Grecque, soit une famille italienne de l’avocat Giuseppe Chiappe et une famille allemande du médecin-chirurgien Heinrich Treiber. La troisième est la famille du propriétaire foncier Michalis Patousas et enfin, la famille du pharmacien Christos Smyrniotopoulos. Ces familles ont des usages différenciés de la dot qui selon les contrats de dot dépouillés chez le notaire Dimitrios Vouzikis et le Bureau des Hypothèques d’Athènes, et contrairement à ce que les études suggéraient pour le début du xixe siècle, une fois sur deux concerne une maison ou un terrain à bâtir, deux fois sur trois elle comporte de l’argent liquide et presque toujours le trousseau. Dans les deux premiers cas des familles philhellènes, le contrat dotal rencontre la ferme volonté familiale d’organiser l’ensemble du processus de transmission intergénérationnelle ; dans le deuxième cas, la dot s’impose au père de la mariée comme instrument d’une union qu’il técuse; dans le cas du pharmacien, elle permet non pas d’organiser tout le processus de transmission mais d’assurer au moins la succession à la tête de l’officine en installant le gendre. Cette variété de pratiques dotales est aussi le reflet de la variété des acteurs et des configurations familiales. Pourtant, notre étude montre que déjà au dernier quart du xixe siècle, les coutumes locales des différentes régions se sont homogénéisées dans la capitale.
Our study on the social reproduction of the family and the strategy of devolution of property among the Athenian elite families of the second half of the 19th century and the first decades of the 20th century is modeled around four families: those of two Philhellènes who settled in Athens following the Greek Revolution (the Italian lawyet Giuseppe Chiappe and the German doctorsurgeon Heinrich Treiber), the family of the landowner Michalis Patousas and that of the pharmacist Christos Smyrniotopoulos. Contrary to previous relevant studies about family practices at the beginning of the 19th century, our data (coming from dowry contracts indexed at the archives of the Athenian notary Dimitrios Vouzikis and the Athens Mortgage Office) indicate that dowry contracts one time out of two concerned a house or building land, two out of three times included cash and almost always encompassed a trousseau. The aforementioned families adopted different uses of the dowry. In the first two cases of the philhellenic families, the dowry contract meets the family’s firm desire to organize the entire process of intergenerational devolution; in the second case, the dowry imposes on the father of the bride as an instrument of a union which he rejects; in the case of the pharmacist, the dowry contract (also) ensures the succession of the head of the pharmacy. This variety of dowry practices also reflects the variety of actors and family configurations. However, our study shows that already in the last quarter of the 19th century, the local customs of the different regions of the country were homogenized in the country’s capital.
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