Lutte contre la corruption au Burkina Faso et réformes de la gestion budgétaire
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RésuméLes réformes de la gestion budgétaire au Burkina Faso visent un renforcement de la transparence du processus budgétaire et une plus grande rationalisation de la gestion, qui passe par une réduction du pouvoir discrétionnaire des fonctionnaires dans l’allocation des crédits. Évaluer la capacité des réformes de la gestion budgétaire à lutter efficacement contre la corruption au Burkina Faso soulève deux interrogations. Une plus grande transparence permet-elle effectivement de réduire le pouvoir de monopole et les marges de manœuvre des fonctionnaires et d’accroître la probabilité de détection de la corruption ? Dans quelle mesure la concentration du pouvoir politique freine-t-elle les capacités de contrôle de la corruption par la population ? La réduction des marges de manœuvre et le renforcement de la transparence dans les choix budgétaires permettent certes d’accroître dans l’immédiat la probabilité de détection de la corruption. Mais à terme, l’absence de contrôle réel – par la population locale ou par des organismes indépendants - est intégrée par les agents, ce qui fait chuter la probabilité de détection. Les bénéfices des réformes en termes de lutte contre la corruption au Burkina Faso risquent donc d’être réduits à néant par la concentration du pouvoir politique et l’absence de contrôle, et ce d’autant plus que l’application de la sanction est défaillante.
Budget management reforms in Burkina Faso aim at strengthening transparency in the budgetary process and at rationalizing budgetary choices, through the reduction of the discretionary power of public agents in the process of credit allocation. Assessing the efficiency of budget management reforms with respect to the fight against corruption raises two questions. Does increased transparency allow to limit discretionary power and to increase the probability of detection? To what extent does the concentration of political power hinder the population’s capacity to control corruption? Reducing discretionary power and strengthening transparency in budgetary choices admittedly raises the probability of detection in the short term. But in a context of high concentration of power, agents then take into account the lack of effective monitoring – by the local population or by independent institutions – that reduces the probability of detection. The anti-corruption impacts of the reforms in Burkina Faso may well be offset by the concentration of political power and the lack of control which entail a failing enforcement of sanctions.
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