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La création du Soudan du Sud le 9 juillet 2011 est une des aventures politiques les plus délicates de l’histoire africaine postcoloniale. Les acteurs religieux ont, à leur manière, tenté de souder la nation. Nul, parmi eux, n’est allé aussi loin que le prédicateur Franklin Graham, figure de proue de l’évangélisme américain. Pour évaluer cette offre de salut qui se greffe sur un soutien politique, l’observation de terrain s’est focalisée sur la croisade géante d’évangélisation « Hope for a New Nation » qui s’est tenue à Juba les 26 et 27 octobre 2012. L’enquête commence par un état des lieux des traumatismes et ruptures hérités par la population, puis se focalise sur la mise en forme rhétorique et scénique de l’offre conversionniste. L’analyse des effets sociaux de l’appel à la conversion invite à relativiser l’impact de l’offre évangélique « à l’américaine », dans un contexte marqué par le poids des héritages.

Franklin Graham’s crusade in South SudanThe creation of the Republic of South Sudan, on 9 July 2011, stands as one of the most difficult political adventures in Africa’s post-colonial history. Clergymen tried to bring the country together, each in his own way. Reverend Franklin Graham, an American Evangelical figurehead, went the furthest in offering salvation joined with political support. He drew all eyes to a giant, evangelizing crusade, “Hope for a New Nation” in Juba on the 26th and 27th of October, 2012. This article begins with an analysis of the many traumas and ruptures suffered by the Sudanese, followed by a focus on the rhetoric and theatrics of the conversion experience. It ends with an analysis of the social effects of calling for conversion, looking at American-style Evangelicalism in a context marked by heavy legacies.