73

Poser la question de la haine comme sentiment républicain peut sembler paradoxal. C’est pourtant bien ainsi qu’elle surgit au cœur de l’archive par le serment de haine prêté doublement, contre la royauté et contre l’anarchie, par les autorités républicaines entre l’an V et l’an VII. Notre réflexion sur ce serment emprunte ainsi un double chemin. D’une part, elle invite à considérer comment la question de l’ordre politique peut se réfléchir en termes de sentiment. De l’autre, elle soulève la question des procédures par lesquelles les républicains du Directoire ont pu penser fonder l’ordre social sur un sentiment de haine.

To pose the question of hatred as a republican sentiment might seem paradoxical. Yet this is precisely how the subject appears in the documentation – by an oath of hatred twice taken against royalty and against anarchy by republican authorities between the year V and the year VII. My own reflection on this oath is two-pronged: it invites the question of how political order can be analyzed in terms of sentiments, and at the same time, it raises the question of procedures by which republicans of the Directory could think of founding a social order based on the a senti­ment of hatred.