Une ou plusieurs histoires ?
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La vague post-moderne semble perdre du terrain et les études historiques dépassant une approche étroitement « culturaliste » ou « discursive » ne sont plus nécessairement considérées comme obsolètes. Pour ceux qui sont demeurés critiques à l’égard des tendances dominantes de la fin des années 1980 et des années 1990, le moment est peut-être venu d’effectuer une évaluation de données qui ne soit plus principalement polémique, mais prenne en compte certaines des avancées historiques récentes grâce à la remise en question d’hypothèses antérieures. Ce n’est que très récemment que le thème des castes, absent des études historiques sur l’Inde « moderne », généralement assimilée à l’Inde coloniale, est sorti de l’oubli. Celles-ci furent longtemps prisonnières du seul binôme colonialisme/ anticolonialisme. Les études inspirées par un nationalisme de gauche et plus particulièrement les premiers travaux des Subaltern studies ont utilement enrichi ce modèle en s’attachant aux initiatives autonomes des paysans, des tribaux et des travailleurs et aux tensions existant entre ces poussées et le courant nationaliste dominant. Cet article s’attachera en particulier au développement des projets identitaires variés qui se multiplièrent en Inde à a fin de l’ère coloniale, en se basant sur des données concernant les trois castes actives principales, les Namasudra, les Mahishya et les Rajbansi.
One or many histories? Identity formations in late-colonial BengalThe post-modernist wave appears to be receding a little, and histories going beyond the narrowly “culturalist” or “discursive” are no longer considered necessarily outdated. For those who have remained critical of the dominant moods of the late-1980s and ‘90s, this might be the moment for a stock-taking that would not be primarily polemical, and is able to take fuller account of some significant gains for historical understanding brought about through the recent wholesale questioning of earlier assumptions, alongside the many deeply problematic features. Caste, till very recently has a neglected heme in histories of “modern” India, studies of which have focused so far on colonial rather than postcolonial times. Such history-writing has remained stuck for a long time within a single basic, colonial/anti-colonial, binary, within which it was difficult not to evaluate caste-identities primarily n terms of their “divisive” impact on what should have been a great and united struggle for freedom rom foreign subjection. Left-nationalist and, most notably, early Subaltern Studies scholarship did complicate this model in helpful ways, emphasizing the autonomous initiatives of peasants, tribals and workers and the tensions between such impulses and “mainstream” nationalism. I intend in this paper to explore the possibilities (as well as sometimes the problems) of a quest for a more differentiated vision of the past, with particular reference to caste identities in late-colonial Bengal, with some research-based material concerning the three major caste ideologies-cum-movements of Namasudras, Mahishyas, and Rajbansis.
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