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Cet article s’intéresse à l’évolution des modes de régulation de l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur en France en partant du postulat que ces modes relaient des conceptions spécifiques de l’ordre social (conservatrices ou progressistes) et de l’égalité (libérales ou sociales). L’analyse porte sur les procédures et les normes associées aux deux plateformes numériques de gestion des candidatures qui se sont succédé ces dix dernières années, Admission Post-Bac (APB) et Parcoursup, en soulignant les éléments de continuité et de changement. Il en ressort que ces plateformes ont en commun d’entretenir la stratification de l’enseignement supérieur français et son rôle dans la reproduction des inégalités tout en introduisant de nouvelles dimensions à tonalité plus marchande. Ces dimensions sont plus présentes dans la plateforme Parcoursup qui encourage explicitement les bacheliers à se comporter en sujets marchands et les universités à adopter les modes de recrutement des filières sélectives.

This article focuses on the evolution of the modes of management of young people’s access to higher education in France, and postulates that these modes channel specific views of the social order (conservative or progressive) and of equality (liberal or social). The procedures and norms associated to two digital platforms, APB and Parcoursup, successively implemented in the last ten years to manage students’ applications, are analyzed and continuities and changes are highlighted. The articles concludes that both platforms help maintain the stratification of French higher education and its role in the reproduction of inequalities while introducing new market dimensions. These dimensions are more present in the Parcoursup platform that explicitly encourages students to behave as market subjects and formerly non-selective universities to adopt the recruitment practices of selective higher education tracks.