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Les discours sociologiques de la fin du xixe siècle ont largement contribué à asseoir la légitimité de l’arrangement des genres alors valorisé en Europe occidentale. La plupart des auteurs de cette période qui ont analysé les rapports entre hommes et femmes n’ont guère attiré l’attention de leur vivant. Trois auteurs, considérés a posteriori comme des classiques de la sociologie, ont toutefois publié sur ce thème : Ferdinand Tönnies, Émile Durkheim et Georg Simmel. Malgré des approches différentes, leurs conceptualisations confirment largement l’idée alors dominante d’une hiérarchie entre deux sexes dichotomiques. Alors même qu’ils semblent à première vue être prisonniers de « l’ordre des genres » de leur époque, cet article met en exergue dans quelle mesure ils admettent la possibilité d’une évolution de la division genrée du travail qui ne serait pas nécessairement prédéterminée biologiquement.

The sociological discourses of the late 19th century largely contributed to establish the legitimacy of the gender arrangement then valued in Western Europe. Most of the authors of this period who analyzed the relationship between men and women did not attract much attention during their lifetime. However, three authors, who are considered classics of sociology in retrospect, published on this topic: Ferdinand Tönnies, Émile Durkheim and Georg Simmel. Despite their different approaches, their conceptualizations largely confirm the then dominant idea of a hierarchy between two dichotomous sexes. Even though at first glance they seem to be prisoners of the “gender order” of their time, this article discusses to what extent they admit the possibility of an evolution of the gender division of labor that would not necessarily be biologically predetermined.