Cinnabaris et « sang-dragon » : le « cinabre » des Anciens entre minéral, végétal et animal
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Dans la terminologie des pigments antiques de couleur rouge, le substantif κιννάβαρι peut prêter à confusion car il désigne non seulement le cinabre mais aussi, à partir du début de l’époque impériale, la résine du dragonnier de Socotra, qui reçoit aussi le nom d’αἷµα δρακόντιον, « sang-dragon ». Le but de cet article est d’une part de comprendre le changement de référent de κιννάβαρι, qui s’explique sans doute par la concurrence du terme latin minium, d’autre part d’étudier les récits qui se sont greffés sur l’appellation αἷµα δρακόντιον. Nous montrerons que ces récits ont dû voir le jour à l’époque hellénistique dans un milieu alexandrin, dans le but de doter la résine du dragonnier de Socotra d’une étiologie prestigieuse, avant d’être repris avec enthousiasme par Pline l’Ancien, qui en fait un usage polémique contre les colores floridi.
Cinnabaris and dragon’s blood: ancient « cinnabar » between mineral, plant and animalIn the Greek terminology for red pigments, the word κιννάβαρι can be misleading, because it describes both cinnabar and, from the early Empire, the red sap of Socotra’s dragon tree, which is also called αἷµα δρακόντιον, dragon’s blood. This paper aims to explain why the word κιννάβαρι had partially changed its meaning, probably because of the success of the Latin word minium, and to investigate the narratives which had developed from the very name of dragon’s blood. It is suggested that these stories were born in Hellenistic Alexandria in order to invest Socotra dragon tree red sap with an impressive etiology, before Pliny the Elder used them polemically in his discussion of colores floridi.
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