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L’école élémentaire de Saint-Antoine constitue une des premières expériences liées à l’ouverture de points de passage entre les deux zones de l’île de Chypre et à la volonté politique de dépasser les vieilles querelles et les idées nationalistes. Il s’agit de la première école chypriote grecque à prendre l’initiative d’accueillir des enfants turcophones, et à prôner la coexistence entre les deux communautés insulaires conduites à se rencontrer après plus de trente-cinq ans de séparation. Questionnant la mise en place d’une éducation multiculturelle et la révision des pratiques éducatives traditionnelles, cet article examine les stratégies de légitimation et les types de relations qui s’élaborent entre les différents acteurs de l’école – le personnel, les élèves et leurs parents – dans les différents temps de la vie scolaire.

What is at stake in the Cypriot reconciliation ? Ethnography of a school that promotes coexistence between Greek and Turkish Cypriots. St Antoine primary school is the first Greek Cypriot school, in the southern part of the island, that has welcomed Turkish-speaking pupils and that attempts to promote peaceful coexistence between two insular communities that had been divided for thirty-five years. This article explores the form of interculturalism promoted by the school, particularly the separate methods of teaching, by placing them in a broader perspective. The article shows that despite good intentions, such “reconciliation initiative” cannot impede the reproduction of identity cleavages ; yet, certain anecdotes make it possible to moderate some of the effects.