La spécificité de la consultation de développement est de dépister les besoins propres à l’enfant, quelles que soient ses particularités ou son histoire, et d’envisager les moyens de leur satisfaction. Dans cette perspective, l’enfant n’est plus un objet de soin mais un acteur de son développement : il devient partenaire. La consultation de développement est-elle une chimère ? D’un côté, il n’existe pas en France, contrairement à la Suisse, de consultation pédiatrique dite « de développement » à proprement parler, répertoriée dans la nomenclature des actes médicaux et leur grille tarifaire. De l’autre, il n’est pas de praticien, quelle que soit sa discipline, qui ne prenne en compte aujourd’hui, implicitement ou explicitement, le facteur « développement », conçu comme la résultante des interactions permanentes d’un individu avec son milieu. Dans les faits, quel temps consacrent les professionnels à apprécier le processus développemental ? De quels moyens disposent-ils ? La consultation de développement doit-elle être envisagée comme une spécialisation de la pédiatrie générale ? Peut-elle se résumer à explorer ce qu’il est convenu d’appeler le « fonctionnel » : troubles du sommeil, de la communication, des conduites alimentaires ? Il y aurait d’un côté des professionnels du hard pédiatrique (cardio, pneumo, endocrinologie, kinésithérapie…) examinant les appareils qui constituent l’organisme et leur fonctionnement, et de l’autre des professionnels du soft, partant des comportements de l’enfant et spécialisés dans l’un ou l’autre trouble ? Dans un contexte de consultations multiples foisonnant d’avis et potentiellement riches de dissonances, les auteurs soulignent la nécessité de les « mettre en musique », de les intégrer en fonction d’un contexte environnemental donné et de l’enfant ici et maintenant. Autant que d’une recherche de symptômes, de particularités innées ou acquises, il s'agit de se faire une idée de ce dont un bébé a besoin pour devenir autonome de la manière la plus harmonieuse possible.