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Entre devoir de mémoires, plurielles et concurrentes, et rejet assumé d’une histoire riche en fureurs lointaines et horreurs récentes, la possibilité de fonder une identité européenne sur une mémoire commune aux Européens reste sujette à caution. En outre, les profondes modifications culturelles de nos sociétés postmodernes soulignent aussi l’épuisement progressif de la capacité fédératrice de toute mémoire collective. Si les nations se sont toutes construites dans l’assomption collective d’un passé plus ou moins romancé, l’Europe a dès ses origines emprunté un chemin différent : celui de se construire sur le devenir plutôt que l’ayant-été. Pari audacieux et gandhien qui fait du chemin le but.