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Dans le contexte chrétien, la question de la visibilité est soumise à un paradoxe, celui d’une religion fondée sur l’incarnation d’un dieu invisible, d’un dieu qui par le Christ, se donne à voir, tout en conservant son irreprésentabilité. Ce qui ressemble à une aporie constitua en fait un terreau particulièrement fertile pour l’image, justifiant le développement de dispositifs originaux, jouant sur la dynamique occultation/monstration. Une dynamique qui s’accentue au xiiie siècle avec l’apparition des monstrances tant pour les reliques que pour les hosties (R. Recht). Dans ce cadre, on avance qu’il est pertinent de considérer certains objets liturgiques et dévotionnels de façon dynamique, en les tenant pour inscrits dans des dispositifs où les conditions de visibilité sont régulièrement modifiées. Pour reconstituer ces effets visuels, il est possible d’une part de partir des objets qui possèdent eux-mêmes des systèmes d’ouverture/fermeture afin d’en inférer des gestes de manipulation qui leur sont associés. Il est possible d’autre part, d’extraire des données des enseignements décrivant des rituels (comme la veillée pascale), où les enjeux de visibilité se trouvent placés au premier plan. En dernier lieu, il convient de considérer les cas où les conditions de visibilité des objets de dévotion sont volontairement dégradées par les fidèles, ce qui nous mène à formuler l’hypothèse d’un « pacte de visibilité » asymétrique entre les humains et la divinité, dans lequel des objets (les crucifix, les reliques, l’hostie) jouent un rôle de connecteur.

In the christian context, the question of the visibility is confronted with the paradox of a religion based on the incarnation of an invisible God, showing himself through the Christ, keeping in the same time his unrepresentability. What seems to be an aporia was actually a breeding ground for the image, justifying the development of unusual devices, playing with the concealment/exhibition dynamics. This dynamics intensifies in the 13th century with the emergence of the monstrances associated to the relics as well as to the hosts (R. Recht). In this framework, we think that it is relevant to consider some liturgical and devotional objects in a dynamic way, as inscribed in systems where the visibility conditions are regularly modified. To reconstruct these visuals effects, it is possible on one hand, to start from these objects which display themselves opening/closing systems in order to deduce the handling gestures. On the other hand, it is possible to learn lessons from the descriptions of rituals (such as the Easter vigil), where the visibility issues are placed at the forefront. Lastly, it is advisable to consider the cases where the devoutness object’s conditions of visibility are voluntarily damaged by the believers, what leads us to express the hypotesis of an assymetrical « visibility deal » established between humans and the divinity, where objects play a connective role.