72

Dans un contexte d’essoufflement de la démocratie représentative et de rejet de la division entre gouvernants et gouvernés, les initiatives citoyennes constituent des viviers d’inventivité populaire, portent des visions du monde alternatives et produisent des savoirs enracinés dans le tissu social des territoires. Contre la disqualification des connaissances construites au sein des expérimentations citoyennes, l’approche de l’« écologie des savoirs » développée par Boaventura de Sousa Santos dessine les contours d’un pluralisme épistémologique, politique et économique, permettant de penser l’interdépendance entre savoirs associatifs et pouvoirs publics. Cet article explore de quelle manière la lutte pour la reconnaissance du modèle de gestion communautaire, portée par des associations locales à Barcelone, a permis de réinventer les paradigmes de participation citoyenne et d’action publique, dans une perspective de radicalisation démocratique.

In the context of a weakening of representative democracy and the rejection of the division between those who govern and the governed, civic initiatives constitute pools of popular inventiveness, offer alternative views of the world, and produce knowledge rooted in the social fabric of the territories. In contrast with the disqualification of the knowledge developed in the context of civic experiments, the “ecology of knowledge” approach developed by Boaventura de Sousa Santos sketches the outlines of an epistemological, political and economic pluralism that makes it possible to think about the interdependence between associative knowledge and public authorities. This article explores how the struggle for the recognition of the model of community management, sustained by local associations in Barcelona, made it possible to reinvent the paradigms of civic participation and public action from the perspective of democratic radicalisation.