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Si l’évolution humaine se définit comme un arrachement permanent à la nature, la question du corps augmenté pose celles des limites éthiques de la science, de l’existence ou non d’une nature humaine, du prolongement du corps par la technique, d’un corps-machine d’un nouveau genre. L’impératif de performance pèse sur chacun et croise l’obsession de la santé parfaite, de la jeunesse et de la beauté éternelles. Cette quête s’empare du corps comme d’un prétexte matérialiste pour viser une transcendance hypothétique, qui fait défaut par ailleurs. Améliorer : la forme, les performances, l’apparence, semble toujours possible, occultant les questions de la souffrance et de la mort, du handicap, reléguant la vieillesse dans l’impensé. Le corps entraîné, remodelé, esthétisé, médicalisé, technicisé et finalement prothétisé du sportif d’élite, avec sa valeur d’objet marchand et fantasmatique, est à ce titre exemplaire et convoque une éthique de l’anthropotechnie.

If human evolution is defined as being permanently cut off from nature, the question of augmented bodies then focuses on the ethical limits of science, the existence of human nature (or lack thereof), the extension of the body’s capacity through technology and a new kind of body-machine. The imperative to perform weighs on all, and encounters a multi-pronged obsession with eternal perfect health, youth and beauty. This quest highjacks the body as a materialistic pretext to attain a hypothetical transcendence, which, in fact, is lacking. Improving shape, performance and appearance always seems possible, eliding questions of suffering, death and disability, and rendering aging unthinkable. Elite sporting bodies that have been trained, remodelled, aesthetised, medicalised, technicised and augmented through prostheses, combined with their value as fantasmatic, marketable objects, are exemplary within this context and require an anthropotechnic ethic.