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Visions du diable ? Les conflits autour du pouvoir des plantes « hallucinogènes » en Nouvelle-Espagne à l’époque moderne

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2017. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : En 1620, l’Inquisition de Nouvelle-Espagne fait paraître un édit prohibant l’usage du peyotl. Tout comme le teonanacatl, l’ ololiuhqui ou le tabac ( picietl), ce petit cactus originaire du désert mexicain possède des pouvoirs qui l’assimilent aujourd’hui à un « hallucinogène » ou un « psychotrope ». Il procure des visions que les guérisseurs indigènes du Mexique considèrent comme un élément central des pratiques de soin. Pour les médecins et les religieux espagnols, en revanche, ces visions sont associées au diable, parce qu’en troublant l’imagination, elles permettent au démon d’entretenir toutes sortes d’illusions auprès de ses victimes. Autrement dit, le pouvoir de ces plantes est disqualifié parce qu’il met en jeu des processus difficilement réductibles au seul jeu des humeurs, et parce qu’il nourrit des modes de relation aux choses que condamnent les autorités espagnoles : l’« idolâtrie » indienne et toutes les « superstitions » allogènes qui s’y combinent. La prohibition du peyotl, et les différentes pratiques clandestines qui lui répondent, permettent ainsi d’aborder l’histoire des remèdes dans son versant le plus conflictuel. Qui détermine ce qui est bon et ce qui est mauvais, ce qui soigne et ce qui ne soigne pas, ce qui est réel et ce qui est illusoire ? Dans le discours que tiennent les médecins et les religieux espagnols sur ces plantes, la continuité entre le poison et le remède ne s’exprime plus seulement en termes de nocivité et de dosage mais s’enrichit d’autres polarités, opposant le sain(t) au diabolique, le médical au non médical.Abrégé : In 1620, the Inquisition of New Spain published an edicto prohibiting the use of peyote. Like the teonanacatl, the ololiuhqui or tobacco (picietl), this little cactus from Mexican desert possesses powers considered as “hallucinogenic” or “psychotropic”. It produces visions that indigenous healers of Mexico considered as a central aspect of their practices. Spanish physicians and religious, on the contrary, associated those visions to the devil who, thanks to such troubles of the imagination, could produce illusions in the mind of his victims. The powers of these plants were thus disqualified for two main reasons : first, the troubles of imagination were not entirely reducible to the game of humours; second, the visions were linked to indigenous “idolatry” and all kind of “superstitions”. The prohibition of peyote, and the clandestine practices responding to it, gives us the possibility to observe the conflictual aspect of the history of remedies. Who determine what is good and what is bad, what heals and what doesn’t, what is real and what is illusory? In the discourse of Spanish physicians and religious, the continuity between remedy and poison is not only expressed in terms of dosage but also through other dichotomies : the saint and the diabolical, the medical and the nonmedical.
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En 1620, l’Inquisition de Nouvelle-Espagne fait paraître un édit prohibant l’usage du peyotl. Tout comme le teonanacatl, l’ ololiuhqui ou le tabac ( picietl), ce petit cactus originaire du désert mexicain possède des pouvoirs qui l’assimilent aujourd’hui à un « hallucinogène » ou un « psychotrope ». Il procure des visions que les guérisseurs indigènes du Mexique considèrent comme un élément central des pratiques de soin. Pour les médecins et les religieux espagnols, en revanche, ces visions sont associées au diable, parce qu’en troublant l’imagination, elles permettent au démon d’entretenir toutes sortes d’illusions auprès de ses victimes. Autrement dit, le pouvoir de ces plantes est disqualifié parce qu’il met en jeu des processus difficilement réductibles au seul jeu des humeurs, et parce qu’il nourrit des modes de relation aux choses que condamnent les autorités espagnoles : l’« idolâtrie » indienne et toutes les « superstitions » allogènes qui s’y combinent. La prohibition du peyotl, et les différentes pratiques clandestines qui lui répondent, permettent ainsi d’aborder l’histoire des remèdes dans son versant le plus conflictuel. Qui détermine ce qui est bon et ce qui est mauvais, ce qui soigne et ce qui ne soigne pas, ce qui est réel et ce qui est illusoire ? Dans le discours que tiennent les médecins et les religieux espagnols sur ces plantes, la continuité entre le poison et le remède ne s’exprime plus seulement en termes de nocivité et de dosage mais s’enrichit d’autres polarités, opposant le sain(t) au diabolique, le médical au non médical.

In 1620, the Inquisition of New Spain published an edicto prohibiting the use of peyote. Like the teonanacatl, the ololiuhqui or tobacco (picietl), this little cactus from Mexican desert possesses powers considered as “hallucinogenic” or “psychotropic”. It produces visions that indigenous healers of Mexico considered as a central aspect of their practices. Spanish physicians and religious, on the contrary, associated those visions to the devil who, thanks to such troubles of the imagination, could produce illusions in the mind of his victims. The powers of these plants were thus disqualified for two main reasons : first, the troubles of imagination were not entirely reducible to the game of humours; second, the visions were linked to indigenous “idolatry” and all kind of “superstitions”. The prohibition of peyote, and the clandestine practices responding to it, gives us the possibility to observe the conflictual aspect of the history of remedies. Who determine what is good and what is bad, what heals and what doesn’t, what is real and what is illusory? In the discourse of Spanish physicians and religious, the continuity between remedy and poison is not only expressed in terms of dosage but also through other dichotomies : the saint and the diabolical, the medical and the nonmedical.

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