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Cet article étudie les témoignages produits par des rescapées du mariage forcé, considéré comme une forme d’esclavage moderne, afin de comprendre la façon dont les conceptions sociopolitiques du genre et du corps déterminent l’exploitation des femmes et des jeunes filles. Cette analyse s’appuie sur les récits recueillis dans « Voices: narratives by survivors of modern slavery », le plus grand fonds au monde archivant ce type de documents. L’article défend l’idée que les constructions genrées du corps féminin et de ses fonctions reproductives conditionnent l’expérience vécue par les femmes et les jeunes filles mariées de force. En effet, l’exploitation reproductive, qui puise aux conceptions hétéronormatives et patriarcales des rôles de genre, constitue une composante essentielle de cette forme d’esclavage moderne qui se traduit par des violences sexuelles, des grossesses et des accouchements forcés, ainsi que des atteintes aux droits reproductifs et à l’intégrité corporelle.

In this article, I explore first-hand accounts of forced marriage as a form of modern slavery to understand how socio-political conceptions of gender and the body shape women’s and girls’ lived experience of exploitation. I do so through analysis of testimonies housed in the world’s largest collection of survivor narratives: “Voices: narratives by survivors of modern slavery”. I argue that, in the context of forced marriage, women’s and girls’ experiences of exploitation are shaped by gendered constructions of the female body and its reproductive function. Reproductive exploitation, embedded in and supported by heteronormative patriarchal conceptions of gender roles, is as a key component of forced marriage, shaping women’s and girls’ embodied experiences of sexual violence, forced pregnancy and childbearing, and violations of their reproductive rights and bodily autonomy within this form of modern slavery.