90

RésuméFreud a consacré deux textes à Moïse : Le Moïse de Michel-Ange (1914) et Moïse et le monothéisme (1939). L’hypothèse de ce que ces deux Moïse représenteraient deux figures différentes du père, partant deux figures de la puissance, est développée ici : il y aurait deux figures du père, l’un mort, l’autre qui échoue à mourir. Moïse apparaît chez Freud comme cet acteur originaire qui, dans un cas, brise les tables de la loi et, dans le second, se retient de les briser. Ce changement de sens de la puissance a-t-il un sens sexuel ? C’est là ce qui est interrogé, dans le cours d’une analyse qui porte aussi sur le sens que Freud confère aux concepts de tradition, d’héritage et de monothéisme.

Freud devoted two texts to Moses : The Moses of Michelangelo (1914) and Moses and Monotheism (1939). The present article develops the hypothesis whereby these two Moses represent two different figures of the father, yielding two aspects of power : there are thus two figures of the father, one dead, the other failing to die. For Freud, Moses appears as this original player who, in one case, breaks the tablets of the law and, in the second, holds back from breaking them. Does this change in the meaning of power have a sexual side to it ? This is the question addressed through an analysis that also covers the meaning Freud confers on the concepts of tradition, heritage and monotheism.