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La proposition d’examiner le paradigme d’intérêt sous l’angle du politique n’est pas nouvelle. Bon nombre d’auteurs s’accordent effectivement sur l’idée qu’avant d’être mobilisé par la science économique, il l’a été pour perfectionner l’art de gouverner. Il demeure toutefois un point important qui, faute d’avoir été suffisamment étudié, reste dans l’ombre. À quelle occasion précise et à partir de quelles questions politiques particulières a-t-on recherché dans la notion d’intérêt des éléments de réponses conduisant à affirmer « que l’intérêt gouverne le monde » ? Comment expliquer que les théories politiques antérieures à la Renaissance ne se soient pas emparées de cette notion apparemment si prometteuse : celle d’assurer une certaine uniformité et une certaine prévisibilité des comportements humains ?

The proposal to examine the paradigm of interest from the political angle is not new. Indeed, many authors agree on the idea that before it was mobilized by economic science, it was mobilized to perfect the art of governance. It is still, however, an important issue but one that remains in the shadows because it has not been studied sufficiently. On what precise occasion and on the basis of what particular political questions was the notion of interest used to assert that « interest governs the world ». How are we to explain that political theories prior to the Renaissance did not make use of the notion that was apparently so promising, namely, the idea of ensuring a certain uniformity and predictibility where human behaviour is concerned.