Racisme, blanchité et État-nation : la construction de l’altérité des Noirs tunisiens
Type de matériel :
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Les déclarations polémiques récentes du président de la République tunisienne concernant les migrants subsahariens dans le pays ont ravivé les discussions autour du passé esclavagiste de l’Afrique du Nord, et sa négrophobie présente. Cet article argue qu’au-delà d’une « dérive raciste », les propos du chef de l’État sont l’expression d’un malaise quant à l’africanité et la « blanchité » de la Tunisie, et plus largement du Maghreb. À travers le cas des Noires tunisiennes, ici prises comme exemple, la survivance d’une cartographie coloniale racialisée de l’Afrique ainsi que l’historiographie problématique d’un passé esclavagiste tabou sont ici appréhendés comme les causes profondes d’une construction identitaire nationale postindépendance qui a intégré les nationaux noirs dans la tunisianité dite « moderne » par leur maintien à la marge.
The recent controversial statement by Tunisia’s head of State regarding sub-Saharan migrants in the country has rekindled discussions about North Africa's legacy of slavery, and its present-day antiblack racism. Beyond a “racist drift”, this article argues that the president’s remarks are the expression of a malaise regarding the Africanity and “whiteness” of Tunisia, and more broadly of the Maghreb. Through the case of black Tunisians, taken here as an example, the survival of a racialised colonial cartography of Africa and the problematic historiography of a taboo slavery past are apprehended here as the root causes of a post-independence national identity construction that integrated black nationals into so-called “modern” tunisianity by keeping them on the margins.
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