Mélanome métastatique : profil épidémioclinique, thérapeutique et évolutif à travers une série de 40 cas
Type de matériel :
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Melanoma is a public health problem today because of its sharply increasing incidence. Lymphatic metastases are associated in 20% of cases. The liver, lungs and brain are the most common sites of hematic metastasis, although any organ can be involved. The aim of our work was to establish the epidemiological, histological, evolutionary and therapeutic profile of cases of metastatic melanoma (MM) in the dermatology department of the University Hospital of Fes and to highlight the factors of occurrence of these metastases. Materials and methods: A rétro-prospective study bringing together all patients with metastatic cutaneous melanoma over a period of 10 years from June 2010 to January 2020 in the dermatology department CHU Hassan II of Fes. The epidemiological, clinical, histological, evolutionary and therapeutic elements were collected through a pre-established operating sheet. We looked for the association between these elements and the occurrence of metastases. Results: of 114 cases of melanoma, 40 were in the early metastatic stage. The mean age of the patients was 61.15 years, 62% were male, trauma was reported in 41.5%, chronic sun exposure in 40.56%. 57% of patients consulted for an ulcerative budding tumor with an estimated time of 20 months and in which the acral location was predominant in 53.7%. Histologically, the 2 nodular (46%) and acro-lentiginous (34%) forms were the most frequent with a Breslow index of more than 2 mm in 61% and Clarck IV-V in 54.5%. revealed lymph node metastases in 75.6%, pulmonary in 49%, bone 19 % and cerebral 10%. From a therapeutic standpoint, 53.8% of patients benefited from a resection of the primary tumor associated with lymph node dissection, 17% of patients benefited from adjuvant radiotherapy, especially when the latter is incomplete, or when there is a capsular invasion. Chemotherapy alone was indicated in 46 % and in association with primary tumor surgery in 24.3%, no patient received immunological or biological treatment because of the unavailability of these molecules within our hospital structure. At the end of the course and survival after an average of 2 years, 22 cases were declared dead, of which 18 cases were all in the visceral metastasis stage, while 10 cases were lost to follow-up. Discussion: cutaneous melanoma is an aggressive and unpredictable tumor with major metastatic potential. Frequently invaded sites of metastases are the lymph nodes, lung and liver. Their occurrence is significantly associated with the long consultation time, with a Breslow index greater than 4 mm at the time of positive diagnosis, and consequently with the unfortunately late management of our patients. MM has been the subject of several studies and recommendations in the literature, and this implies the therapeutic difficulty of these metastatic forms with a poor prognosis. In our context, the high cost of immunological and biological treatment constitutes a real obstacle for the care of our patients. Conclusion: In our context, awareness campaigns as well as early detection of melanoma remain the main pillars of care, which can guarantee curative treatment of melanoma and prevent the occurrence of metastases.
Le mélanome, dont l’incidence est en forte augmentation, pose aujourd’hui un problème de santé publique important. Des métastases lymphatiques s’y associent dans 20 % des cas ; le foie, les poumons et le cerveau représentent les sites les plus fréquemment atteints, mais tout organe peut être impliqué. Le but de notre travail était d’établir le profil épidémioclinique, histologique, évolutif et thérapeutique des cas de mélanome métastatique (MM) du service de dermatologie du CHU de Fès, et de mettre en évidence les facteurs de survenue de ces métastases. Méthodes : il s’est agi d’une étude rétro-prospective colligeant tous les patients ayant un mélanome cutané métastatique, sur une durée de 10 ans (de juin 2010 à janvier 2020) au sein du service de dermatologie du CHU Hassan II de Fès. Les éléments épidémiologiques, cliniques, histologiques, évolutifs et thérapeutiques ont été recueillis à travers une fiche d’exploitation préétablie. Nous avons recherché des associations entre ces éléments et la survenue de métastases. Résultats : sur 114 cas de mélanome, 40 étaient au stade d’emblée métastatique. L’âge moyen des malades était de 61,15 ans, 62 % étaient de sexe masculin, un traumatisme était rapporté chez 41 % des sujets, une exposition solaire chronique chez 41 %. Cinquante-sept pour cent (57 %) des malades consultaient pour une tumeur ulcérobourgeonnante, avec un délai estimé à 20 mois ; la localisation acrale était majoritaire (54 %). Histologiquement, les formes nodulaires (46 %) et acrolentigineuses (34 %) étaient les plus fréquentes, avec un indice de Breslow de plus de 2 mm dans 61 % des cas et de Clarck IV-V dans 54 % des cas. Le bilan d’extension révélait des métastases ganglionnaires dans 76 % des cas : pulmonaires dans 49 %, osseuses dans 19 % et cérébrales dans 10 %. Sur le plan thérapeutique, 54 % des patients ont bénéficié de l’exérèse de la tumeur primitive associée à un curage ganglionnaire, 17 % de patients ont bénéficié d’une radiothérapie adjuvante – en particulier lorsque le curage était incomplet ou qu’il existait une effraction capsulaire. La chimiothérapie était indiquée seule dans 46 % des cas et en association avec la chirurgie de la tumeur primitive dans 24 %. Aucun patient n’a bénéficié d’un traitement immunologique ou biologique, ces molécules n’étant pas disponibles au sein de notre structure. Au terme de deux ans, en moyenne, d’évolution et de survie, 22 cas étaient décédés, dont 18 étaient au stade de métastases viscérales, et 10 étaient perdus de vue. Discussion : le mélanome cutané est une tumeur agressive et imprévisible avec un potentiel métastatique majeur. Les sites fréquemment envahis sont les ganglions, le poumon et le foie. Leur survenue est significativement associée à un long délai avant consultation, à un indice de Breslow supérieur à 4 mm au moment du diagnostic positif – c’est-à-dire à une prise en charge tardive de nos malades. Le MM a fait l’objet de plusieurs études et recommandations dans la littérature, reflétant la difficulté thérapeutique de ces formes métastatiques, de pronostic sombre. Dans notre contexte, le coût élevé des traitements immunologiques et biologiques constitue un véritable obstacle pour la prise en charge de nos patients. Conclusion : dans notre contexte, les compagnes de sensibilisation ainsi que le dépistage précoce du mélanome demeurent les principaux piliers de la prise en charge, qui peuvent garantir un traitement curatif du mélanome et prévenir la survenue de métastases.
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