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L’engagisme africain au prisme du genre en Guyane française après l’abolition de l’esclavage de 1848

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2024. Ressources en ligne : Abrégé : Abolir l’esclavage n’a jamais signifié pour le gouvernement français renoncer à l’économie de plantation, ni à son corollaire  : disposer d’une main d’œuvre contrainte. Ainsi, quatre ans après l’abolition de 1848, il met en place un système, subventionné par l’État, d’introduction dans ses colonies de travailleurs et travailleuses, originaires d’Inde, de Chine et d’Afrique, sous contrat d’engagement non résiliable de plusieurs années. Dans ce cadre, l’engagisme africain, mis en place entre 1854 et 1862, occupe une place inédite puisqu’il relève de pratiques propres à la traite d’êtres humains. De fait, 93  % des personnes recrutées sur le littoral africain pour les colonies françaises de la Caraïbe le sont au moyen du «  rachat de captifs  », autrement dit ils sont achetés pour être forcés à devenir engagés. Ainsi, 51  % des 1 809 Africain.es engagé.es en Guyane le sont-ils au moyen de ce mode de recrutement-engagement. Par ailleurs, la part des individus de sexe féminin est minime (14,5  %). Loin d’une coïncidence, ces deux caractéristiques – fort déséquilibre du sexe-ratio et mode de recrutement-engagement employé – sont fortement articulées.Cet article interroge ce que change le genre des individus engagé.es à leurs situations de travail et, plus généralement, à leurs vies d’engagé.es. Pour cela, il s’intéresse à la fabrique initiale du déséquilibre de genre, qui est au cœur même des textes dessinant les contours de l’engagisme africain guyanais  ; puis aux mécanismes par lesquels ce déséquilibre s’accentue dans la phase du recrutement malgré des tentatives de régulation de la part des autorités impériales et coloniales. Enfin, il appréhende les mécanismes qui ont infériorisé les femmes, mais aussi certains hommes, tant dans les conditions de leur engagement qu’une fois mis.es au travail par leur engagiste. Cet article met ainsi en exergue que selon son genre et son statut pré-engagement les conditions de vie et de travail sont très différentes. Les individus de sexe féminin subissent de plein fouet ces mécanismes d’infériorisation, du fait qu’elles sont tout à la fois «  femmes  » et «  rachetées  ».Abrégé : For the French government, abolishing slavery never meant abandoning the plantation economy, or its corollary of forced labor. Consequently, four years after the abolition of slavery in 1848, the French government set up a state-subsidized system for introducing workers from India, China and Africa into its colonies, under non-cancellable indenture contracts lasting several years. In this context, the African indentureship, which was set up between 1854 and 1862, occupies an unprecedented position, since it involved practices that are typical of human trafficking. In fact, 93  % of the people recruited on the African coast for the French Caribbean colonies were “repurchased” captives, i.e. persons bought to be forced into indentureship. 51  % of the 1,809 Africans indentured in French Guiana were recruited in this way. At the same time, the proportion of females was minimal (14.5  %). Far from being a coincidence, these two characteristics – a highly unbalanced sex ratio and the recruitment method used - were strongly linked.This article examines the ways in which the gender of indentured individuals affected their work situations and, more generally, their lives as indentured people. To do so, it looks at the initial construction of that gender imbalance, which lies at the very heart of the texts outlining the contours of Guyanese African indentureship. It then analyses the mechanisms by which this imbalance was accentuated in the recruitment phase, despite attempts by imperial and colonial authorities to regulate it. Lastly, it examines the mechanisms that turned women - and some men – into low-status persons, both in the conditions of their indentureship and once they were put to work by their employer. This article highlights the fact that, depending on gender and pre-recruitment status, living and working conditions differed greatly. Females bore the brunt of these inferiorization mechanisms, as they were both “women” and “repurchased”.
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Abolir l’esclavage n’a jamais signifié pour le gouvernement français renoncer à l’économie de plantation, ni à son corollaire  : disposer d’une main d’œuvre contrainte. Ainsi, quatre ans après l’abolition de 1848, il met en place un système, subventionné par l’État, d’introduction dans ses colonies de travailleurs et travailleuses, originaires d’Inde, de Chine et d’Afrique, sous contrat d’engagement non résiliable de plusieurs années. Dans ce cadre, l’engagisme africain, mis en place entre 1854 et 1862, occupe une place inédite puisqu’il relève de pratiques propres à la traite d’êtres humains. De fait, 93  % des personnes recrutées sur le littoral africain pour les colonies françaises de la Caraïbe le sont au moyen du «  rachat de captifs  », autrement dit ils sont achetés pour être forcés à devenir engagés. Ainsi, 51  % des 1 809 Africain.es engagé.es en Guyane le sont-ils au moyen de ce mode de recrutement-engagement. Par ailleurs, la part des individus de sexe féminin est minime (14,5  %). Loin d’une coïncidence, ces deux caractéristiques – fort déséquilibre du sexe-ratio et mode de recrutement-engagement employé – sont fortement articulées.Cet article interroge ce que change le genre des individus engagé.es à leurs situations de travail et, plus généralement, à leurs vies d’engagé.es. Pour cela, il s’intéresse à la fabrique initiale du déséquilibre de genre, qui est au cœur même des textes dessinant les contours de l’engagisme africain guyanais  ; puis aux mécanismes par lesquels ce déséquilibre s’accentue dans la phase du recrutement malgré des tentatives de régulation de la part des autorités impériales et coloniales. Enfin, il appréhende les mécanismes qui ont infériorisé les femmes, mais aussi certains hommes, tant dans les conditions de leur engagement qu’une fois mis.es au travail par leur engagiste. Cet article met ainsi en exergue que selon son genre et son statut pré-engagement les conditions de vie et de travail sont très différentes. Les individus de sexe féminin subissent de plein fouet ces mécanismes d’infériorisation, du fait qu’elles sont tout à la fois «  femmes  » et «  rachetées  ».

For the French government, abolishing slavery never meant abandoning the plantation economy, or its corollary of forced labor. Consequently, four years after the abolition of slavery in 1848, the French government set up a state-subsidized system for introducing workers from India, China and Africa into its colonies, under non-cancellable indenture contracts lasting several years. In this context, the African indentureship, which was set up between 1854 and 1862, occupies an unprecedented position, since it involved practices that are typical of human trafficking. In fact, 93  % of the people recruited on the African coast for the French Caribbean colonies were “repurchased” captives, i.e. persons bought to be forced into indentureship. 51  % of the 1,809 Africans indentured in French Guiana were recruited in this way. At the same time, the proportion of females was minimal (14.5  %). Far from being a coincidence, these two characteristics – a highly unbalanced sex ratio and the recruitment method used - were strongly linked.This article examines the ways in which the gender of indentured individuals affected their work situations and, more generally, their lives as indentured people. To do so, it looks at the initial construction of that gender imbalance, which lies at the very heart of the texts outlining the contours of Guyanese African indentureship. It then analyses the mechanisms by which this imbalance was accentuated in the recruitment phase, despite attempts by imperial and colonial authorities to regulate it. Lastly, it examines the mechanisms that turned women - and some men – into low-status persons, both in the conditions of their indentureship and once they were put to work by their employer. This article highlights the fact that, depending on gender and pre-recruitment status, living and working conditions differed greatly. Females bore the brunt of these inferiorization mechanisms, as they were both “women” and “repurchased”.

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