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RésuméL’évolution dans le champ social et judiciaire de la place accordée à la victime a-t-elle des incidences sur la construction de l’intime conviction du magistrat ?Notre intérêt pour l’élaboration de cette croyance, construite en appui sur la logique et la confrontation des éléments à charge et à décharge, vient entre autres motifs de la nécessaire implication personnelle du magistrat dans la construction de son jugement et dans l’adhésion à celui-ci.Or, l’analyse dans la perspective psychanalytique du processus d’intime conviction met en relief un double niveau de conflictualité : d’une part un « conflit psychique induit » par les exigences légales, spécifique au processus lui-même, d’autre part un conflit psychique inhérent à la subjectivité du magistrat.En appui sur l’analyse d’entretiens avec des magistrats à propos d’un dossier de viol intra-familial, sans autre élément de preuve que le poids des paroles et des aveux de la victime, nous dégageons en quoi « la subjectivation de l’acte criminel » est dépendante du rapport du juge aux représentations sociales de la victime mais aussi de sa propre capacité à supporter le conflit psychique induit.

Does the increasing focus on the position of the victim both in social and judicial fields effect the construction of personal convictions in a judge ? This article builds upon the logic and confrontation of elements of prosecution and defence ; deriving along with other motifs from the necessary personal implication of the magistrate in the construction of his or her judgement and continued support of it.However, addressing the process of internal conviction from a psychoanalytical perspective exposes a double level of conflict : one the one hand by an “induced psychical conflict” through legal demands, specific to the process itself, on the other, a psychical conflict inherent in the subjectivity of the judge.Drawing on an analysis of interviews with judges about a rape case that occurred within a family, with no other element of proof than the weight of the testimony and the avowal of the victim, we extrapolate how “the subjectivation of the criminal act” is dependent upon the relationship the judge has with the social representations of the victim, but additionally on his or her own capacity to withstand the psychic conflict it induces.