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La visée des nouvelles technologies – dans lesquelles le numérique occupe une place essentielle – prétend s’organiser aujourd’hui sous le signifiant de l’« augmentation » de l’humain. Ce terme recouvre des implications et des effets anthropogénétiques qui sont analysables à partir de l’articulation des concepts de néoténie, pulsion, prothèse, sémiose et sujet. En ce sens, l’on peut repérer historiquement l’enjeu profond de l’entreprise technique humaine : combler le manque constitutif du sujet à l’endroit de son corps mortel, inachevé et défaillant, en le prolongeant indéfiniment par une série d’organes-instruments. Or ce corps inachevé est un corps pulsionnel, ébranlé par une circulation énergétique constante qui demande satisfaction sur fond de fantasmes de vie immortelle et sans limites. Ce n’est pas un hasard si les organes-instruments des nouvelles technologies se branchent à des orifices et zones liminaires du corps. Cette opération vise à transformer l’impuissance en puissance phallique, mettre en érection l’humain, pour contourner ce manque qui s’inscrit sous les signes de la castration, de la privation et de la frustration. Cependant, « augmenter » n’est pas nécessairement « rehausser » l’humain. On pourra se demander si, dans cette course technologique vers l’augmentation, le sujet ne risque pas en fait d’être diminué.

The goal of the new technologies–in which the digital plays an essential part–is said to be organized today under the signifier of the “enhancement” of the human. This covers anthropogenetic implications and effects that can be analyzed through the articulation of the concepts of neoteny, drive, prosthesis, semiosis, and subjectivity. In this sense, one can historically identify the deep issue of human technical enterprise: overcoming the constitutive lack of subjectivity regarding its mortal, unfinished, and faulty body by indefinitely prolonging it with a series of organs-instruments. But this unfinished body is a body of drives, animated by a constant flow of energy that demands satisfaction amid fantasies of eternal and unlimited life. It is no coincidence that the organs-instruments of new technologies plug into the holes and liminal zones of the body. This operation aims to transform impotence into phallic power, to erect humans, in order to circumvent this deficiency that falls within the category of castration, deprivation, and frustration. However, to “enhance” is not necessarily to “elevate” the human. We may ask whether, in this technological race towards enhancement, the subject does not risk… being diminished.