90

RésuméL’écrivain E. Weiss, fasciné par les découvertes de Freud, décide de partir à la recherche de son propre inconscient dans l’écriture, mettant au point une toute nouvelle forme hybride autofictionnelle que l’on peut appeler roman auto-analytique ou autobiographie fantasmatique. Le premier chapitre de ce texte intitulé L’épreuve du feu correspond au pacte fantasmatique du romancier avec son lecteur : cette scène originaire nous fait vivre la crise créatrice de l’auteur dont le psychisme est confronté au retour d’une blessure traumatique précoce de l’ordre de l’« innommable ». Cette plongée au cœur des fantasmes d’un romancier semble dévoiler la matrice autofictionnelle de l’écriture romanesque : envahi par un enfant perdu traumatisé, l’écrivain a recours à son témoin interne pour « trouver » cet « autre je » en proie à l’archaïque puis l’engendrer dans l’écriture. Les fantasmes d’auto-engendrement apparaissent inhérents à la réalisation du premier âge du roman familial en tout roman. Mais ce témoin interne se retrouve du coup investi du pouvoir créateur du père et s’il en a la force, il peut inscrire dans l’écriture la scène primitive clivée dans le psychisme de l’écrivain et s’engager sur les voies du Bâtard œdipien. Le témoin interne apparaît au cœur de cette tension entre les deux âges du roman familial, dont M. Robert a montré qu’elle était le moteur de la création romanesque