Embuscades et agents secrets : la « sale guerre » des Britanniques en Irlande du Nord
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Les révélations récentes sur l’infiltration d’agents britanniques dans l’Armée républicaine irlandaise (IRA) imposent de réexaminer les raisons qui ont poussé cette organisation à proclamer le cessez-le-feu de 1994. Si les dirigeants républicains ont pris cette décision, ce n’est pas par suite d’une situation de blocage militaire sans vainqueur ni vaincu comme on le dit souvent, mais parce qu’ils avaient compris que l’IRA avait perdu. La guerre de l’ombre menée par l’État britannique contre l’IRA soulève de graves questions éthiques qui relèvent essentiellement du dilemme de la fin et des moyens. En même temps, il faut reconnaître que c’est précisément cette « sale guerre », accompagnée d’une stratégie de sécurité publique soucieuse du respect des formes légales et des droits de l’homme, qui a permis de resserrer autour de l’IRA le filet qui allait la paralyser. En associant travail policier ordinaire et recours aux agents secrets, aux informateurs et aux embuscades mortelles, l’État britannique a amené l’IRA au point où ses dirigeants n’ont plus eu d’autre issue que de déposer les armes.
Agents and Ambushes: Britain’s “Dirty War” in Northern Ireland This paper argues that, following recent revelations as to the identities of British agents within the Irish Republican Army (IRA), it is necessary to reassess why that organisation opted for a ceasefire in the early nineties. Rather than a product of a military stalemate, as is commonly portrayed, it is suggested that this was the result of the recognition, by the republican leadership, that the IRA had been all-but-defeated. Examination is made of the British state’s ‘dirty war’ against the IRA and the serious ethical questions raised by that war; most notably, ‘do the ends always justify the means?’ At the same time, it is recognised that, ultimately, it was precisely this ‘dirty war’, allied to a public security strategy that placed greater emphasis on the rule of law and human rights, that provided for the evergreater containment of the IRA. The contention would be that by mixing ordinary ‘police work’ with the clandestine use of agents, informers and lethal ambushes, the British state brought the IRA to a point where its leadership had little choice but to end the military campaign.
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