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À partir d’une ethnographie menée dans un camp de réfugiés kurdes syriens installé au Kurdistan d’Irak suite à l’éclatement de la guerre en Syrie, cet article analyse la manière dont l’encampement agit sur les exilés et réinscrit ces derniers dans une trajectoire de violence historique. Alors qu’ils se réfugient dans un environnement à première vue familier, les Kurdes syriens se retrouvent finalement dans une situation de marginalité qui fait rejaillir des années d’oppression et dévoile une condition de vulnérabilité éternelle. L’encampement est ainsi vécu comme une situation de domination historique, réhabilitant des mémoires de violence mobilisées comme un ressort de subjectivation collective. C’est à travers l’espace kurde que les exilés finissent par donner de l’intelligibilité à la rupture provoquée par la guerre en Syrie et qu’ils parviennent à intérioriser, voire élaborer le drame syrien.

Based on an ethnography carried out in a camp for Syrian Kurdish refugees set up in Iraqi Kurdistan following the outbreak of war in Syria, this article analyses the way in which encampment affects the exiles and reintegrates them into a trajectory of historical violence. While taking refuge in a seemingly familiar environment, the Syrian Kurds end up in a situation of marginality that brings back years of oppression and reveals a condition of eternal vulnerability. Encampment is thus experienced as a situation of historical domination, rehabilitating memories of violence mobilised as a springboard for collective subjectivation. It is through the Kurdish space that the exiles come to understand the rupture caused by the war in Syria, and that they manage to internalise and even elaborate the Syrian drama.