« 2005 a été l’année du centenaire de la loi qui a séparé les Églises de l’État. Je n’envisageais pas de gaieté de cœur de rester à l’écart de cette commémoration : depuis près d’un demi-siècle, je n’ai cessé de m’intéresser aux rapports entre religion et politique. J’ai été souvent consulté sur le sujet. Encore fallait-il trouver un angle d’attaque qui ne fasse pas double emploi avec les écrits de mes confrères historiens. Je pense l’avoir trouvé en faisant le choix de la longue durée, qui permet de relever les décalages entre les intentions et le devenir des textes, dans l’attention apportée aux discordances entre la réalité et les représentations que l’on s’en fait, dans les allers et retours entre un passé déjà ancien et la problématique la plus actuelle. » La loi sur la laïcité de 1905 n’est pas tout à fait une loi comme les autres à en juger par les événements et polémiques qui marquèrent son centenaire. La reconnaissance du fait religieux et de la neutralité de l’État, l’un des piliers de la République française, ne s’est pas faite non plus sans contestation ni combat et passion. Elle mobilisa plusieurs générations. On croyait le débat clos. La diversité de l’Europe et l’irruption de l’islam le relancent. S’y mêlent acquis de l’histoire, archaïsme et inédit. Pour René Rémond, assurément, le dernier mot n’est pas dit.