L'assujettissement artistique de la philosophie
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Après le formalisme et l’autotélisme moderniste, un bon nombre de discours sur des œuvres contemporaines assignent aujourd’hui à l’art une fonction critique : on dit que les œuvres « interrogent », « questionnent », « remettent en cause », « invitent à réfléchir » le monde, etc. Or, ce sont là des formules qui renvoient à la fondation socratique de la philosophie, Socrate étant celui qui, par l’aiguillon de ses questions, fait apparaître la fragilité de l’opinion, découvre les préjugés, défait les croyances ordinaires et les convictions non fondées en raison. Ainsi donc, après la mainmise de la philosophie sur l’art dans les grands systèmes philosophiques du XIXe siècle, nous assistons aujourd’hui à une mainmise de l’art sur ce qui constitue l’exigence de la philosophie : le questionnement critique. Il s’agira ici à la fois de comprendre la genèse historique de cette nouvelle attitude théorique, et d’évaluer sa pertinence en examinant si, et à quelles conditions, l’art peut faire sien un tel programme.
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