Between filial piety and managerial opportunism: the strategic use of the history of a family business after the buyout by non-family purchasers
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Toute entreprise familiale est dotée d’une histoire qui lui est spécifique. Les récits consacrés à son histoire sont généralement reconnus pour leurs propriétés fédératrices : ils instillent une vision partagée de l’histoire de l’entreprise, mêlant valeurs, mythes et histoires au sein d’une culture qui est propre à l’entreprise. Les entreprises familiales ne parviennent cependant pas toujours à demeurer dans le giron des familles qui leur ont donné le jour. Que deviennent alors les récits historiques sur leur passé familial ? Sont-ils toujours pertinents lorsque la succession intrafamiliale a échoué ? Et si oui, pour qui et dans quelle mesure ? Les rôles des récits historiques consacrés au passé familial d’entreprises qui ont été rachetées par des repreneurs externes sont encore peu connus. Ce sujet mérite d’être étudié dans la mesure où la reprise des entreprises familiales par des acquéreurs tiers est une situation qui n’est pas rare.À travers une étude de cas historique, portant sur une école de commerce qui fut une entreprise familiale pendant deux générations au XIXe siècle – l’École Supérieure de Commerce de Paris devenue par la suite ESCP Europe –, cet article montre que l’entreprise familiale peut devenir, via les récits d’histoire dont elle fait l’objet, un champ de confrontation émotionnelle. Si les témoins de l’époque familiale de l’entreprise investissent l’histoire de celle-ci pour préserver son alma mater, il en va différemment des repreneurs. Ces derniers peuvent, en effet, mobiliser l’histoire familiale de l’entreprise pour démontrer que, contrairement à leurs prédécesseurs, ils sont parvenus à assurer à l’entreprise un degré de prospérité qu’elle n’avait jamais atteint lorsqu’elle était aux mains de la famille autrefois dirigeante. De ce fait, les récits sur le passé familial de l’entreprise peuvent être appréhendés non seulement comme des révélateurs des tensions émotionnelles qui traversent l’entreprise, mais aussi comme des leviers d’action stratégique pour construire l’avenir de l’entreprise.
Historical narratives are considered to play a role of consolidation within family firms over time. They instill a common vision of family business history made up of values, myths and stories which forge a distinctive culture. Yet family businesses do not always manage to remain in the bosom of the family. What happens to historical family business narratives when the intra-family succession fails? Are they still relevant? If so, for whom? And in what ways? The use of narratives in the firm after the takeover by non-family purchasers remains a relatively untouched topic of research. It deserves investigation since “selling out” as an alternative to intra-family succession can be a viable option.Through the qualitative case study of a French business school which used to be a family firm for two generations during the 19th century – the Higher School of Commerce of Paris, presently named ESCP Europe – this study demonstrates that family business can become, with the writing of its history, an arena for emotional confrontation. In this case, on the one hand, witnesses of the family era used the history of the former family business to preserve its alma mater. On the other hand, its new purchasers used it to show that, unlike their predecessors, they had succeeded in increasing the organisation’s prosperity to a level that had never been achieved before. Historical family business narratives can therefore serve both as indicators of the emotional tensions that run through the firm and as strategic levers for shaping the future of the firm.
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