La thanatopraxie historique
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Qu’est-ce que la thanatopraxie ? Derrière ce mot, savant pour les uns, barbare ou inconnu pour la grande majorité des autres, se cachent des pratiques médicales funéraires, souvent religieuses, parmi les plus anciennes de l’Histoire de l’humanité. Pourtant, la science et le mot sont relativement récents puisque la première date du XIXe siècle et le second, des années 1960. Mais qui n’a entendu parler des momies égyptiennes ? Qui ne s’est étonné de leur état de conservation ? Ce véritable miracle n’est que le fruit des connaissances de thanatopracteurs qui vécurent, il y a des millénaires, sur les bords du Nil. Sait-on encore que c’est en Amérique du Sud que se trouvent les plus anciennes momies du monde et que c’est en Chine que se trouvent les momies les mieux conservées ? Pourquoi le Moyen-Âge n’a-t-il jamais connu une véritable thanatopraxie, alors qu’il s’extasiait devant l’état de conservation de certaines reliques et leur vouait un culte sans faille ? Depuis les temps historiques, l’être humain a tenté de se survivre dans sa chair, tout autant que par son âme. Vanité des vanités, diront certains, mais certaines croyances religieuses justifient la survie des corps comme la survie des âmes. D’autres, a contrario, refusent, ou du moins ont refusé pendant des siècles, les soins destinés à conserver les corps, car l’être humain n’est-il pas poussière, et ne doit-il pas retourner à la poussière. Des soins ont toujours été, cependant, dispensés aux morts, par respect, par amour, par convenance. Il faut se pencher sur l’origine des rituels de propreté et de préservation des cadavres, comme la toilette funéraire, qui, sans doute, apparue aux confins de la préhistoire et de l’histoire, perdure aujourd’hui, dans la presque totalité de nos sociétés. Cette promenade historique nous amènera à voir le travail clandestin des anatomistes de la Renaissance ou celui, plus renseigné, des hygiénistes de la Révolution Industrielle. Si les thanatopracteurs d’aujourd’hui savent ce qu’ils doivent à leurs prédécesseurs, les populations ignorent qu’elles doivent à cette science qui est également un art, le développement de la médecine, de la cosmétologie, de la chimie, de l’herboristerie, de l’instrumentation, de certaines cultures, du commerce, etc. Si s’intéresser à la mort est toujours une aventure spirituelle, s’intéresser aux cadavres, et à leur devenir, est une plongée dans l’histoire des sciences et des croyances de l’Humanité.
Thanatopraxis through HistoryWhat is thanatopraxis ? This word, which for some is merely a technical term, but for others designates something barbaric or is even unknown to them, covers a range of medical funeral procedures, often of a religious nature and including the most ancient rites in the history of all humanity. However, both the term itself and the science behind it are relatively recent, the latter dating back to the 19th century, while the former came into common usage in the 1960s. Everyone knows about Egyptian mummies and most of us wonder at their remarkable state of conservation. The miracle of their preservation is the work of skilled embalmers, working millennia ago on the banks of the Nile. Many are also aware that the world’s most ancient mummies are to be found in South America, and that those best conserved are in China. One might ask why thanatopraxis was not used throughout the Middle Ages, despite the fact that people during this period held conserved relics in high regard and worshipped them unfailingly. Since time immemorial, mankind has sought ways of helping not only the soul but also the flesh to continue to exist. Vanity of vanities, some might say, but a number of religious beliefs give prime importance to the immortality of the corpse and not just the soul. Other belief systems, however, refuse, or at least for centuries have refused, that any attention be paid to conserving our mortal remains, for all flesh shall perish and return to dust. Despite this, care has always been provided for the deceased, out of respect, love and social convention. Much can be learnt about such rituals, by looking into their origins and, for example, how corpses have been cleaned and preserved down the centuries. The last offices came into common practice in the transitional period between prehistory and antiquity and are still administered in almost every society around the world today. This historical journey will lead us to examine the clandestine work of the Renaissance anatomists and that, more fully documented, of the hygienists of the Industrial Revolution. While thanatopractioners today are conscious of the debt they owe to their predecessors, the general public is not so keenly aware that thanatopraxis is both a science and an art, promoting the development of medicine, cosmetology, chemistry, herbalism, tools and equipment, the growing of some agricultural crops, trade etc. Exploring the question of death means embarking on a spiritual journey. Examining the question of our mortal remains, and the story of their future after death, is a journey through the history of science and the beliefs of humankind.
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