Repercussions psychologiques des « souvenirs » de la mort propre : une critique des travaux du docteur Pim Van Lommel
Type de matériel :
71
Le cardiologue Pim van Lommel et ses collègues ont publié en 2001 dans la revue médicale The Lancet une étude prospective et longitudinale sur la présence de « souvenirs » de la période d’inconscience chez 344 patients ayant vécu un arrêt cardiaque. Bien qu’elle soit méthodologiquement meilleure que les études antérieures (basées sur des enquêtes rétrospectives), cette étude n’est pas sans poser question quant à sa rigueur. En particulier, le processus de transformation supposée occasionnée par l’Expérience de Mort Imminente (EMI), un ensemble de souvenirs répertoriés dans la littérature comme l’équivalent subjectif du trépas, repose sur une évaluation biaisée des processus subjectifs en jeu, et cela sur un échantillon réduit pour une étude longitudinale. C’est pourtant principalement cette étude qui fournit la base empirique des répercussions psychologiques positives intrinsèques aux EMI. Après une analyse critique de la méthodologie cette étude, nous suggérons, à la suite de Le Maléfan, une autre interprétation des transformations observées : ces « souvenirs » ou « faux-souvenirs » de la mort propre constitueraient une hallucination salutaire soutenant une relance de la subjectivité lors de situations critiques extrêmes.
The Psychological Repercussions of ‘Memories’ of One’s Own Death – a Critical Assessment of the Work of Dr Pim Van LommelIn 2001, in the medical journal The Lancet, cardiologist Pim van Lommel and his colleagues published a prospective, longitudinal study on the enduring existence of ‘memories’ from periods of unconsciousness in 344 patients who had suffered cardiac arrest. Although methodologically better than previous studies on this subject (based on retrospective surveys), this study is not immune from criticism. In particular, the transformation process supposedly caused by Near-Death Experiences (NDE), a set of memories identified in the literature as the subjective equivalent of demise, is based on a biased assessment of the subjective processes involved, and on a relatively small sample for a longitudinal study. Yet it is this study which provides the main empirical basis for the alleged psychological after-effects inherent to NDE. This article offers a critical analysis of the methodology used in Van Lommel’s study, and, in the wake of Le Maléfan, puts forward a different interpretation of the transformations highlighted : these ‘memories’ or ‘false memories’ of the individual’s own death are in fact a salutary hallucination supporting a revival of subjectivity in extreme situations.
Réseaux sociaux