51

L’article envisage la postérité d’Hippolyte Taine sous un angle institutionnel. Il revient sur l’hommage collectif qui lui fut rendu entre 1906 et 1908, dans le cadre d’un concours d’éloquence organisé par l’Académie française. Après avoir exposé les enjeux institutionnels du concours et tracé le profil des candidats, on s’efforce de mesurer la part des dimensions respectivement politique et disciplinaire dans les manuscrits reçus par l’Académie. Exactement contemporain d’une violente controverse sur les Origines de la France contemporaine, le concours ne peut faire l’économie d’une réflexion politique sur l’héritage tainien. Mais le prix d’éloquence se veut avant tout un lieu consensuel. De ce fait, la plupart des candidats insistent davantage sur la nécessaire mise à jour disciplinaire d’une œuvre qu’ils jugent à la fois fondamentale et datée. L’émergence des spécialités disqualifiant l’ambition totalisante du projet tainien, le procès de la méthode tourne alors au bilan intellectuel d’une génération.

The article considers the posterity of Hippolyte Taine from an institutional angle. It looks back at the collective tribute paid to him between 1906 and 1908, in the context of an eloquence contest organized by the Académie française. After having exposed the institutional stakes of the contest and traced the profile of the candidates, we try to measure the part of the respectively political and disciplinary dimensions in the manuscripts received by the Academy. Exactly contemporary with a violent controversy on the Origins of contemporary France, the competition could not avoid a political reflection on the Tainian heritage. But the eloquence award mas looking for a consensus. As a result, most candidates insist more on the necessary disciplinary updating of a work that they consider both fundamental and dated. The emergence of specialties disqualifies the totalizing ambition of the Tainian project, and the trial of the method turns into the intellectual assessment of a generation.