Pratiques quotidiennes des communautés populaires mal branchées aux réseaux d'eau et d'assainissement dans les métropoles brésiliennes : les cas de Rio de Janeiro et Salvador
Type de matériel :
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RésuméUne des marques importantes du processus d’urbanisation brésilien est l’inégalité socio-spatiale dans l’accès aux services de base d’eau et d’assainissement. Ces réseaux construits selon les techniques les plus modernes desservent largement les zones de haut standing, mais sont absents ou très précaires dans les quartiers pauvres.En se fondant sur une analyse qualitative à base d’observations de terrain et d’entretiens, il s’agit d’identifier les pratiques quotidiennes mises en œuvre par les communautés populaires pour faire face à cette situation, et de mesurer les impacts de programmes gouvernementaux mis en place à partir de 1995 pour y remédier. En l’absence de services en réseaux de base, les habitants élaborent eux-mêmes, au quotidien, des pratiques individuelles et/ou collectives pour tâcher de résoudre la question de l’accès aux services. Se sont ainsi développées diverses formes de collecte de l’eau, ainsi que la pratique du branchement clandestin au réseau officiel. La sensibilisation à la nature collective de l’eau et la nécessité d’évacuer les eaux usées ont également conduit à l’auto-construction de réseaux d’assainissement alternatifs.D’autre part, les réseaux officiels d’eau et d’assainissement nouvellement installés dans ces quartiers populaires reposent sur des normes techniques — surdimensionnement et sophistication — identiques à celles des infrastructures des secteurs de haut standing. Elles signifient l’introduction d’une autre culture, que les habitants ne se sont pas appropriée et qui entre en conflit avec la culture locale, rendant difficile le passage des pratiques anciennes aux nouvelles. Cependant, ces réseaux — lorsque leur construction est achevée — modifient profondément la vie quotidienne en renforçant l’intimité des ménages et en libérant du temps pour d’autres activités que la collecte ou l’évacuation de l’eau. Surtout, ils ouvrent la possibilité de s’intégrer à la ville officielle et légale.
Social and spatial inequalities in access to water supply and sanitation services are an important feature on the urbanization process in Brazil. Network infrastructures based on the most sophisticated available technologies, are well developed in rich areas, but poorly developed — or entirely lacking — in low-income neighbourhoods.Based on a qualitative survey (observations and interviews) in two cities, this paper explores the response of low income communities to the situation thus created and seeks to assess the results of the government program implemented since 1995 to improve it. Populations of low income communities respond to the lack of infrastructures by inventing individual and/or collective means of access to basic services ; these include various alternative forms of water collection and illegal collective connections to the water network (through informal micro-networks). The increasing awareness of the collective nature of water and the necessity of disposing of used water have thus led to the self construction of « alternative networks ».On the other hand, « official » water supply and sanitation networks currently introduced in low income areas are based on the same technical norms (over-sizing and over-sophistication) as those in rich areas. The development of those infrastructures challenges the habits of low income communities, and the transition to new behaviours proves difficult. However, new infrastructures — once achieved — have deep implications on the daily life of the population : people’s privacy is increased, more time can be dedicated to activities other than water provision and disposal, and the connection to the formal network opens the way to a fuller integration of those communities to the official/legal city.
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