Le CAPES de Créole: stratégies et enjeux
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Le créole est une langue parlée par environ dix millions de locuteurs aux Amériques et dans les îles de l’océan Indien. Deux millions d’entre eux vivent dans les départements d’Outre-mer (DOM) français : Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion. Pendant trois siècles, le créole a été la seule langue des esclaves noirs ; il s’est transmis sous une forme orale en donnant lieu à une littérature orale (contes, proverbes, chants...), en dépit du fait qu’il était sporadiquement écrit depuis le milieu du xviiie siècle. La situation de « diglossie » décrite en 1959 par Charles Ferguson, comparable sur bien des points à ce qu’on constate avec les parlers d’oc (occitan) et le catalan, n’est pas sans conséquence à la fois sur l’éducation scolaire et la forme de l’identité. Sans préparation particulière, l’insertion du créole dans la sphère de l’éducation peut réellement provoquer un refus massif des enfants en classe. De nouvelles approches méthodologiques doivent donc être acclimatées dans les établissements scolaires pour enseigner le français comme on le fait en Afrique noire francophone ou partiellement francophone en tant que « langue seconde » ou « langue étrangère ». Dans le même temps, les différentes tendances culturelles et politiques dont la mouvance indépendantiste, posent le principe du rétablissement dans toute sa plénitude de la langue vernaculaire créole en conférant aux enseignants les équipements linguistiques indispensables (grammaires, dictionnaires, guides...) Ces efforts ont déjà conduit à la mise en place d’une licence et d’une maîtrise de créole à l’Université des Antilles et de la Guyane au début des années 1990 et récemment à la publication du décret du 9 février 2001 créant, dans le cadre de l’Éducation nationale, un concours de recrutement de professeurs du second degré pour pourvoir à l’enseignement du créole en lycée et collège.
Strategies and Questions at Slake for the Creation of a CAPES of CreoleThe Creole language, in all its different dialectal forms, is spoken by about ten million people in the Americas and the Indian Ocean. Two million of them belong to the French Overseas Departments (DOM) including Guadeloupe, French Guiana, Martinique and Reunion. F or three centuries, Creole, the only language of the black slaves, lived mainly in an oral form, from which grew an outstanding oral literature (tales, riddles, proverbs, songs...), and this, in spite of the fact that Creole was only written, sporadically, from the middle of the 18th century. This situation, described as « diglossia » in 1959 by Charles Ferguson, similar in many ways to that of Catalonia or Occitania (Provencal), wasn’t without repercussions both in schooling and on an identity level. Indeed, the ousting of Creole from the educational sphere caused a massive failure of pupils from the working class. Gradually, it forced the institution to think about new approaches with regard to teaching French, approaches quite similar to those implemented in Black Africa, such as « French as a second language » or « French as a foreign language ». At the same time, diverse cultural and political trends, of nationalistic allegiance, took the question of restoring the full value of the vernacular language, very seriously, giving it all the necessary linguistic equipment (spelling, grammar, dictionaries, pedagogical guides...). These efforts led to the creation of a bachelor’s degree and master’s degree in Creole at the University of the French West Indies and French Guiana at the beginning of the nineties and by a decree dated 9 February 2001, the creation by the French National Ministry of Education, a CAPES in Creole (the CAPES is the French national secondary school teaching certification exam).
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