Une mission juive au xxe siècle ?
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RésuméParler de « mission juive » semble un oxymore tant l’ambition prosélyte est officiellement absente du judaïsme. Pourtant le judaïsme émancipé et sécularisé d’Occident observe ses coreligionnaires de Méditerranée, d’Asie ou d’Afrique avec les mêmes yeux condescendants que ceux des élites chrétiennes à l’égard des « indigènes ». Ainsi, régénérer le judaïsme mondial, le convertir à la modernité revêt les atours d’une mission jugée nécessaire par la bourgeoisie israélite européenne, puis essentielle par les idéologues de la renaissance nationale juive. Parmi les attributs de cette mission, la santé et l’hygiène sont, dans le cadre du sionisme, dévolues à la femme juive dont le rôle religieux traditionnel est ainsi réinventé. Suivant les injonctions masculines, des associations féminines européennes s’investissent en Palestine dans le champ de la santé des populations juives autochtones.
“Jewish mission” sounds like an oxymoron, given the official lack of any Jewish proselytism. Yet Western Jewry, emancipated and secularised, looked down on its religious brethren along the Mediterranean, in Asia or in Africa with the same patronizing gaze that Christian élites cast upon « native people ». Regenerating world Jewry and making it modern stood out as a missionary duty for the European « Israelite » bourgeoisie, then indeed as an essential mission for the ideologues of Jewish national renaissance. Among the goals of that mission, health and hygiene were entrusted to the Jewish woman within the framework of Zionism. Women’s traditional religious rôle was thus being reinvented. Following the call of the males, European women associations got involved in Palestine in the field of health for Jewish native populations.
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