Les anti-Lumières. De l’affrontement à l’effritement
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Les Lumières se donnent comme le patrimoine commun de l’humanité. Nous les percevons aujourd’hui, à tout le moins sous nos latitudes, comme le legs précieux du long processus d’émancipation qui voit l’homme maîtriser la nature, se libérer des superstitions, se donner à lui-même ses propres fins. Dans le même temps, les Lumières font l’objet, sinon de critiques, du moins d’interrogations, sur les « dérives » qu’elles nourriraient en leur sein. Quelques exemples. L’autonomie de la personne, l’accession de l’humanité à sa « majorité », pour parler comme Kant, ne conduit-elle pas à un individualisme mortifère ? L’affirmation de l’universalité des Lumières ne dissimule-t-elle pas une prétention à l’hégémonie culturelle d’une petite fraction des terres immergées, le Finistère européen et sa succursale nord-américaine ? En posant que l’homme est la mesure de toutes choses et en abattant les idoles, l’esprit des Lumières ne concourt-il pas à la disparition du « sacré » sans quoi tout, dès lors, serait permis ? Et puis aussi, en prétendant maîtriser la nature, l’homme ne la ravage-t-il pas et n’est-il pas temps que celle-ci reprenne ses « droits » ? Et puis encore, la raison n’est-elle pas grosse de déraisons, le progrès de ses dégâts, le bonheur de ses désillusions, l’avenir radieux de ses futurs désespérants. Bref, les bonnes intentions ne paveraient-elles pas, irrémédiablement, le chemin de l’enfer ?
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