« J'ai vu la couleur de ses yeux »
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Anthropologue, l’auteur propose, d’une part, une analyse des politiques de traitement des Vétérans de la guerre qui s’est déroulée de 1991 à 1995 pour déboucher sur l’éclatement de la République yougoslave. D’autre part, les effets des choix théoriques sont examinés à la fois sur la population désignée et sur la société globale croate. Reprenant la figure du monstre, être qui vient révéler l’écart entre les principes fondateurs d’un groupe et les modalités sociales, l’article montre de quelle manière la problématique collective peut saisir les individus et en quelque sorte les posséder, interdisant de ce fait le retour réussi à la vie civile. Par ailleurs, les systèmes de santé qui ont à résoudre les difficultés individuellement, doivent prendre en compte l’influence des expériences traumatiques et de ceux qui les ont initiées sur la perte de contrôle des existences individuelles. À la sortie d’une guerre, la société est elle-même contrainte à des choix : en Croatie les Anciens combattants dont certains sont accusés de « crimes de guerre», prêtent des intentions de transformation monstrueuse à ceux qui sont chargés de résoudre et gérer les désordres économiques, physiques et psychopathologiques dont souffre cette population spécifique tenue à l’écart des nouvelles options politiques (et en particulier de l’entrée dans l’Europe prévue pour 2007). Les fractures de la société viennent s’exprimer dans l’opposition des Vétérans aux outils théoriques et psychiatriques qui lui sont adressés et qui peuvent être pris comme l’ultime attaque visant à détruire les valeurs et l’ordonnancement du monde qui étaient, avant-guerre, ceux pour lesquels les Vétérans croyaient devoir se battre.
“I saw the color of his eyes” The anthropologist author proposes, on one hand, an analysis of the Veterans treatment policy which occurred between 1991 and 1995 when the Yugoslavian republic shattered. On another hand, the consequences of the theoretical choices are studied thoroughly as well on the designated population as on the global Croat society. Reviewing the monster figure, a being that reveals the gap between the founding principles of a group and social modalities, the article shows how the collective issue may grasp the individuals and somehow possess them, thus preventing any successful way back to civil life. Besides, welfare which has to resolve the individual difficulties, must deal with the influence of traumatic experiences and of their agents, on the loss of individual life control. The end of a war forces society itself to choose: in Croatia the soldiers, some accused of « war crimes », give monstrous intentions to those in charge of reconstruction (financial, physical, psychopathological with the suffering of this specific population maintained outside the new political options, particularly its 2007 scheduled entrance in E.U.). The society bruises are expressed by the Veterans’ opposition to theoretic and psychiatric tools that they have been given and which can be interpreted as the ultimate attack made to destroy their values and their own world, the one they thought they fought for.
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