Chapitre 1. Medical Ethics in Russia before the october Revolution (1917)
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RésuméL’évolution de la déontologie médicale en Russie a été influencée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, des concepts bien russes tels que « obshina » (communauté) et « sobornost » ont assuré la suprématie du collectif sur l’individuel, de l’état sur la personne, etc. Il n’existe pas d’analogue en langue russe pour « vie privée ». Deuxièmement, des médecins russes ayant un diplôme universitaire ne sont apparus qu’au XVIIIe siècle à la suite de la politique d’occidentalisation de Pierre le Grand (1672-1725). La déontologie médicale démarre probablement avec le Professeur Matvei Mudrov (1776-1831) de Moscou qui suivit le credo d’Hippocrate de « traiter non pas la maladie mais le patient ». Troisièmement, après l’abolition du servage en 1861 les soins médicaux dans de nombreuses régions rurales ont été fournis par zemstva (conseils locaux élus). Les médecins zemskie avaient des idées idéalistes sur le sacrifice de soi au service de la société et du peuple. Par contre, lorsqu’il fallait traiter des paysans analphabètes le paternalisme s’imposait.Les problèmes éthiques des soins médicaux et de la médicine nourrissaient des discussions intenses dans la littérature professionnelle et populaire. L’hebdomadaire « Vrach » publié par Manassein a joué un rôle important dans ce discours. Des sociétés médicales locales ont adopté leur propre code de déontologie. Un code de déontologie médicale pour toute la Russie n’a jamais été formulé parce que le pays n’avait pas de société médicale nationale.« Confessions d’un médecin » de Vikenty Veresaev publié en 1901 a placé les problèmes des rapports médecin-patient et de l’expérimentation humaine au centre des débats publics à l’échelle nationale et internationale. Deux éditions russes de « Aertzliche Ethik » d’Albert Moll ont également contribué au discours sur la déontologie médicale en Russie.La médecine en tant qu’activité lucrative a été critiquée et ridiculisée dans la littérature russe (voir, par exemple, les romans de Tolstoï et les histoires de Tchekhov). La morale médicale était généralement comprise comme la vie morale en action où les actes sont bien plus importants que les paroles (par ex. les codes formels de déontologie médicale).
The evolution of medical ethics in Russia was determined by several factors. First, such Russian concepts as “obshina” (community) and “sobornost” (counciliarism) determined the supremacy of the collective body over the individual body, the state over a person etc. There is no analogue for “privacy” in the Russian language. Second, Russian medical doctors with university degrees appeared only in the 18th century after the politics of westernization by Peter the Great (1672-1725). Medical ethics probably starts from Prof. Matvei Mudrov (1776-1831) of Moscow who followed the Hippocratic credo “to treat not a disease but a patient”. Third, after serfdom had been abolished in 1861 medical care in many rural regions was provided by zemstva (local elected councils). Zemskie medical doctors had idealistic views of self-sacrificing for the service to society and to the people. On the other hand, while dealing with illiterate peasants paternalism was a necessity.Ethical problems of healthcare and medicine were a subject of intense discussions both in professional and popular literature. A weekly periodical “Vrach” edited by V. Manassein played an important role in this discourse. Local medical societies adopted their own ethical codes but an All-Russian code of medical ethics was never formulated because the country lacked a national medical society.“Confessions of a physician” by Vikenty Veresaev published in 1901 put problems of doctor-patient-relationship and human experimentation in the centre of public debates both nationally and internationally. Two Russian editions of “Aerztliche Ethik” by Albert Moll also contributed to the discourse on medical ethics in Russia.Medicine as a money-making activity was criticized and ridiculed in Russian literature (see, for example, Tolstoy’s novels and Chekhov’s stories). Medical morality was generally understood as moral life in action when deeds are much more important than words (e.g. formal codes of medical ethics).
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