Jouer avec l'irréalité : transfert et ordinateur
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RésuméDans cet article, l’auteur décrit l’impact de l’espace cybernétique sur la relation analytique. Ces réflexions sont issues de deux histoires cliniques. La première est celle de Melania, une patiente qui, à partir d’un certain moment de son analyse, a commencé à envoyer des courriels, construisant ainsi, pourrait-on dire, un « cadre parallèle ». L’auteur décrit les mouvements relationnels liés à l’irruption des courriers électroniques dans le cadre de la relation analytique. La seconde histoire est celle de Louis, jeune homme de 25 ans, de personnalité schizoïde, utilisant l’espace cybernétique comme refuge psychique. Au fil des années, Louis a pu évoquer, d’abord à partir d’un éloignement sidéral, sa nécessité à créer des moments dissociatifs. L’entrée dans ce type de refuge procurait au patient une pacification dans l’immobilité, qui partage sans doute certains points communs avec l’état de transe : la vie devient un arrêt en état d’« animation suspendue ». Nous pouvons comprendre que l’usage que Louis a fait de l’ordinateur était une tentative pour vivre dans un objet non humain, de se protéger de l’angoisse relationnelle, mais également de réchauffer une mère mécanique. Melania a utilisé la technologie pour communiquer avec l’analyste, quoique de façon indirecte ; pour Louis, l’espace virtuel représentait un « refuge dissociatif », situé à la frontière entre le sommeil et l’état de veille qui, pendant des années, est resté inaccessible au discours analytique commun analyste-patient. Pour les deux patients, l’ordinateur a été un instrument de régulation émotionnelle, et la relation analytique a eu pour but de donner à cet outil une signification émotionnelle, facilitant l’évolution d’un usage compulsif à une utilisation transformationnelle de l’objet.
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