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Même si l’article de Bion de 1967 sur la mémoire et le désir nous montre un tournant de sa pensée clinique au cours de sa période épistémologique, il est aussi central dans son évolution de psychanalyste kleinien travaillant avec des patients très perturbés. L’auteur explicite et contextualise ces affirmations grâce à un nouveau matériel d’archives, les Séminaires de Los Angeles, donnés par Bion en avril 1967, et la version intégrale des Notes sur la mémoire et le désir. Au moment où il fait connaître ses idées et son travail clinique à un nouveau public, celui des analystes américains freudiens, Bion donne un nouveau départ à des années de travail théorique. Bien que ce nouveau groupe ait pris connaissance avec enthousiasme de la technique clinique de Bion avec les patients borderline et psychotiques, il réagit de façon variée à ses idées concernant les implications techniques de l’abandon de la mémoire et du désir par l’analyste. Les Séminaires de Los Angeles aussi bien que les Notes suscitèrent des réactions allant de la perplexité à l’admiration et au scepticisme chez ses auditeurs et ses lecteurs. De plus, ce matériel permet aussi une présentation complète et systématique d’importantes idées sur la technique analytique et, bien que ces idées aient été reconnues et estimées par de nombreux analystes, cette contribution souligne aussi l’aspect crucial de leur réception dans ce contexte américain bien particulier. Les analystes américains se firent une idée bien plus claire de la manière dont Bion travaillait analytiquement, écoutait, formulait des interprétations et donnait de l’importance à la réceptivité de l’écoute de l’analyste dans l’ici et maintenant. L’auteur conclut sur l’examen de l’importance de l’accueil américain de Bion en 1967.