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L’émoi et l’évidence. Des échos du Phèdre dans le traité Du sublime

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2020. Ressources en ligne : Abrégé : Si le traité Du sublime n’est pas un manuel de tropes, de quoi parle-t-il lorsqu’il cite différentes manières de produire une réalité de parole à même d’arracher le lecteur à sa réalité propre ? La réponse la plus brève serait : de la condition même du langage, mais autrement qu’Aristote à travers la théorie de la catharsis. La perte des repères sensibles produite par une émotion suscitée sciemment s’associe avec le mouvement contraire qui vise à stabiliser l’effet en indiquant la source et le but du pathos. Un changement soudain de registre a lieu à travers cet échange. L’émoi dévoile l’âme, tandis que la parole qui produit cet effet participe en même temps de la stabilité implicite à la nature supérieure de l’âme, dont elle montre le caractère universel et transcendant. Merveilleuse ou sublime est alors la parole qui à la fois réveille et éclaire. Plus qu’une question d’usage (et implicitement de style), il s’agit d’une conception selon laquelle le langage est intimement et inextricablement lié à l’âme, étant la plus secrète et la plus fidèle de ses manifestations. C’est donc une théorie de l’âme qui se dégage d’une analyse des liens entre les deux productions conjointes dont il est question dans le traité dit Du sublime – l’effet d’émoi (de stupeur) et celui de clarté (d’évidence hors de doute) –, les deux agissant sur le lecteur pour lui permettre d’atteindre le merveilleux ou le divin qui se tient en lui dès lors qu’il peut le découvrir, mais auquel il n’a accès qu’en suivant le sentier extérieur dessiné par les paroles d’autrui : un maître du logos que l’on entend ou lit. Ce processus est celui que décrit Platon dans le Phèdre. Le traité Du sublime s’appuie sur ce dernier de manière tantôt explicite et tantôt subtile, en recourant au pouvoir du langage de fabriquer et de montrer des images. Le but de notre étude est d’indiquer certaines traces du Phèdre dans le texte de la moitié du ier s. afin d’orienter la lecture vers la nature plutôt philosophique que stylistique du traité sur le sublime. En retour, ce dernier pourrait constituer un repère dans la compréhension du rôle assigné au Phèdre dans un moment charnière de l’héritage de l’Académie, celui qui inaugure l’époque dite du moyen platonisme.Abrégé : If the treatise On the sublime is not a handbook of tropes, what does it deal with when it refers to different ways of producing a reality of speech capable of tearing its readers away from their own reality? The briefest answer would be: with the condition of language proper, but in a way different from Aristotle’s theory of catharsis. The loss of sensory bearings caused by purposefully induced emotions is associated with the contrary motion whose aim is stabilizing the effect by stating the origin and the end of pathos. In the process of this interaction, a sudden change of register is taking place. Whereas emotion such as the turmoil reveals the soul, meanwhile the speech that produces the effect participates in the implicit stability of the superior nature of the soul, whose universal and transcendent character it highlights. The speech that both awakens and enlightens is thus marvellous or sublime. More than a question of usage (and implicitly of style), it is a conception according to which language is intimately and inextricably linked to the soul, of which it is the most secret and faithful manifestation. A theory of the soul then emerges from the analysis of the links between the two conjoined productions the treatise On the sublime deals with – the effect of emotion (turmoil or stupefaction) and that of enlightenment (of undisputed evidence) –, both impacting the reader in order to help him or her reach the marvellous or the divine which stands within them provided they can discover it, but to which they only have access through walking the external path laid out by someone else’s words, those of a past master of the logos that has been listened to or read. This process is the very one described by Plato in Phaedrus. The treatise On the sublime borrows from that dialogue in a way at times explicit and at times implied, resorting to the power of language to mould and reveal images. The aim of our study is to point what in the mid-first century text is a remnant of Phaedrus in order to direct the readers toward the rather more philosophical than stylistic nature of the treatise on the sublime. Conversely, the latter text could establish a landmark for the understanding of the significant part allocated to Phaedrus at a moment in time which is a turning point for the heritage of the Academy, opening the way to middle Platonism.
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Si le traité Du sublime n’est pas un manuel de tropes, de quoi parle-t-il lorsqu’il cite différentes manières de produire une réalité de parole à même d’arracher le lecteur à sa réalité propre ? La réponse la plus brève serait : de la condition même du langage, mais autrement qu’Aristote à travers la théorie de la catharsis. La perte des repères sensibles produite par une émotion suscitée sciemment s’associe avec le mouvement contraire qui vise à stabiliser l’effet en indiquant la source et le but du pathos. Un changement soudain de registre a lieu à travers cet échange. L’émoi dévoile l’âme, tandis que la parole qui produit cet effet participe en même temps de la stabilité implicite à la nature supérieure de l’âme, dont elle montre le caractère universel et transcendant. Merveilleuse ou sublime est alors la parole qui à la fois réveille et éclaire. Plus qu’une question d’usage (et implicitement de style), il s’agit d’une conception selon laquelle le langage est intimement et inextricablement lié à l’âme, étant la plus secrète et la plus fidèle de ses manifestations. C’est donc une théorie de l’âme qui se dégage d’une analyse des liens entre les deux productions conjointes dont il est question dans le traité dit Du sublime – l’effet d’émoi (de stupeur) et celui de clarté (d’évidence hors de doute) –, les deux agissant sur le lecteur pour lui permettre d’atteindre le merveilleux ou le divin qui se tient en lui dès lors qu’il peut le découvrir, mais auquel il n’a accès qu’en suivant le sentier extérieur dessiné par les paroles d’autrui : un maître du logos que l’on entend ou lit. Ce processus est celui que décrit Platon dans le Phèdre. Le traité Du sublime s’appuie sur ce dernier de manière tantôt explicite et tantôt subtile, en recourant au pouvoir du langage de fabriquer et de montrer des images. Le but de notre étude est d’indiquer certaines traces du Phèdre dans le texte de la moitié du ier s. afin d’orienter la lecture vers la nature plutôt philosophique que stylistique du traité sur le sublime. En retour, ce dernier pourrait constituer un repère dans la compréhension du rôle assigné au Phèdre dans un moment charnière de l’héritage de l’Académie, celui qui inaugure l’époque dite du moyen platonisme.

If the treatise On the sublime is not a handbook of tropes, what does it deal with when it refers to different ways of producing a reality of speech capable of tearing its readers away from their own reality? The briefest answer would be: with the condition of language proper, but in a way different from Aristotle’s theory of catharsis. The loss of sensory bearings caused by purposefully induced emotions is associated with the contrary motion whose aim is stabilizing the effect by stating the origin and the end of pathos. In the process of this interaction, a sudden change of register is taking place. Whereas emotion such as the turmoil reveals the soul, meanwhile the speech that produces the effect participates in the implicit stability of the superior nature of the soul, whose universal and transcendent character it highlights. The speech that both awakens and enlightens is thus marvellous or sublime. More than a question of usage (and implicitly of style), it is a conception according to which language is intimately and inextricably linked to the soul, of which it is the most secret and faithful manifestation. A theory of the soul then emerges from the analysis of the links between the two conjoined productions the treatise On the sublime deals with – the effect of emotion (turmoil or stupefaction) and that of enlightenment (of undisputed evidence) –, both impacting the reader in order to help him or her reach the marvellous or the divine which stands within them provided they can discover it, but to which they only have access through walking the external path laid out by someone else’s words, those of a past master of the logos that has been listened to or read. This process is the very one described by Plato in Phaedrus. The treatise On the sublime borrows from that dialogue in a way at times explicit and at times implied, resorting to the power of language to mould and reveal images. The aim of our study is to point what in the mid-first century text is a remnant of Phaedrus in order to direct the readers toward the rather more philosophical than stylistic nature of the treatise on the sublime. Conversely, the latter text could establish a landmark for the understanding of the significant part allocated to Phaedrus at a moment in time which is a turning point for the heritage of the Academy, opening the way to middle Platonism.

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