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Cet article tente de s’interroger sur la place du conflit et de la violence dans une société où la querelle intellectuelle serait le prolongement d’une brutalité des gestes et des paroles. Cette violence qui fait partie de la vie quotidienne envahit l’écrit au XVIIIe siècle. C’est en effet à cette époque que naît en France une littérature judiciaire dont les formes et les supports sont multiples, des mémoires aux gazetins de police, collections de causes célèbres et biographies de brigands fameux comme Cartouche et Mandrin, pendant que de nouvelles formes littéraires paraissent pour exploiter cette veine. Cette étude se limitera à l’une d’entre elles, le genre du dialogue des morts, qui fait de la querelle son sujet de prédilection. De par sa plasticité formelle, ce genre présente l’intérêt de toucher à plusieurs domaines fondamentaux : la querelle peut y être traitée sur le mode du divertissement burlesque mais rend compte également de grands débats esthétiques et philosophiques, et plus tard dans le siècle, de revendications d’ordre politique.

Quarrels and Dialogues of the Dead in 18th Century FranceThe aim of the paper is to study the role of violence and conflict in a society where intellectual quarrels seem to be the extension of the brutality of gesture and speech. The violence which was part of every day life spread to the written word in 18th century France. This is, as a matter of fact, the time when a judicial literature makes its appearance : it takes on various forms in different media, from memoirs to police bulletins, through the publication of accounts of famous trials or biographies of famous criminals such as Cartouche and Mandrin, and at the same time new literary genres emerged to exploit this interest. I shall focus on one of them, that of the dialogues of the dead, which has a predilection for quarrels. The genre, because of its plasticity of form, has the characteristic of being able to touch upon a number of fundamental issues : a quarrel can give rise to burlesque entertainment as well as deal with the main aesthetic and philosophical debates of the time, and, later in the century, open out onto political demands.