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« Et que méconnaîtrait l'œil même de son père » : les limites du savoir oculaire dans la description tragique

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2013. Ressources en ligne : Abrégé : Cet article entreprend d’aller « au-delà de l’œil » (J-L. Nancy) et de repérer les traces de tactilité dans l’imaginaire et la dramaturgie tragiques. Pour toute une tradition critique, l’ocularité constitue le dispositif spatial, esthétique et social emblématique de l’âge classique. Déterminée par les règles de la rhétorique comme par les contraintes de la bienséance, la description d’événements advenus en hors-scène représenterait alors un moment clé de la tragédie du XVIIe siècle, et le témoin oculaire, une figure centrale. S’il est certain que la plupart des descriptions tragiques sont marquées par les codes de la rhétorique visuelle, nous verrons que certains récits esquivent au contraire le visuel, au point de mettre en jeu les limites du voir. Loin de consacrer le pouvoir du témoignage oculaire comme substitut de l’événement sensible, les descriptions de la Médée de Corneille, d’ Horace et de Phèdre, en questionnent la fiabilité et la cohésion, voire sollicitent d’autres régimes de la sensation. C’est au prisme de l’ekphrasis, plus souvent associée à la peinture ou à la musique qu’au théâtre, que nous approcherons ces descriptions multi-sensorielles. Pourtant liée à la puissance imaginative du langage, la description dramatique déstabilise paradoxalement les pouvoirs de l’œil et invite à considérer la part du toucher dans l’expérience et la signification théâtrale, sensation que la critique traditionnelle de la tragédie du XVIIe siècle tend résolument à écarter.Abrégé : “Et que méconnaîtrait l’œil même de son père” – “Unrecognisable, even to his own father’s eye”. The Limits of Ocular Knowledge in Tragic DescriptionThis article explores the arts of knowledge-making as a multi-perceptual endeavour, as an attempt to get “au-delà de l’œil” - “beyond the eye” (J-L. Nancy) and thereby to trace hints of tactility in the work of the dramatic imagination and its performance. It explores hints of the non-visual within seventeenth-century tragedy, the most visual of dramatic traditions in the most obsessively ocular of cultures, and does so precisely through an examination of description, traditionally considered as the key moment for the eye-witness account in tragedy. And yet some tragic descriptions seem to eschew the visual, at times to the point of arguing that there are limitations to what the eye can see or to what can be described. Far from reasserting the power of the eye-witness’s description to substitute for the reality of the event, the exemplary descriptions of unseen acts in Corneille’s Médée, his Horace, and Racine’s Phèdre first suggest the unreliability and lack of integrity of vision, then call upon the experience of other senses. We explore these multi-sensorial descriptions through the prism of ekphrasis, more usually associated with painting or music than with theatre, thus moving beyond the broader categories of rhetoricians and the exigencies of bienséance. Paradoxically these descriptions ultimately privilege the tactility of bodily experience over the testimony of the eyewitness, and thus invite a reconsideration of the sense of touch, which traditional interpretations of seventeenth-century tragedy often occlude from the experience and signification of these performances.
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Cet article entreprend d’aller « au-delà de l’œil » (J-L. Nancy) et de repérer les traces de tactilité dans l’imaginaire et la dramaturgie tragiques. Pour toute une tradition critique, l’ocularité constitue le dispositif spatial, esthétique et social emblématique de l’âge classique. Déterminée par les règles de la rhétorique comme par les contraintes de la bienséance, la description d’événements advenus en hors-scène représenterait alors un moment clé de la tragédie du XVIIe siècle, et le témoin oculaire, une figure centrale. S’il est certain que la plupart des descriptions tragiques sont marquées par les codes de la rhétorique visuelle, nous verrons que certains récits esquivent au contraire le visuel, au point de mettre en jeu les limites du voir. Loin de consacrer le pouvoir du témoignage oculaire comme substitut de l’événement sensible, les descriptions de la Médée de Corneille, d’ Horace et de Phèdre, en questionnent la fiabilité et la cohésion, voire sollicitent d’autres régimes de la sensation. C’est au prisme de l’ekphrasis, plus souvent associée à la peinture ou à la musique qu’au théâtre, que nous approcherons ces descriptions multi-sensorielles. Pourtant liée à la puissance imaginative du langage, la description dramatique déstabilise paradoxalement les pouvoirs de l’œil et invite à considérer la part du toucher dans l’expérience et la signification théâtrale, sensation que la critique traditionnelle de la tragédie du XVIIe siècle tend résolument à écarter.

“Et que méconnaîtrait l’œil même de son père” – “Unrecognisable, even to his own father’s eye”. The Limits of Ocular Knowledge in Tragic DescriptionThis article explores the arts of knowledge-making as a multi-perceptual endeavour, as an attempt to get “au-delà de l’œil” - “beyond the eye” (J-L. Nancy) and thereby to trace hints of tactility in the work of the dramatic imagination and its performance. It explores hints of the non-visual within seventeenth-century tragedy, the most visual of dramatic traditions in the most obsessively ocular of cultures, and does so precisely through an examination of description, traditionally considered as the key moment for the eye-witness account in tragedy. And yet some tragic descriptions seem to eschew the visual, at times to the point of arguing that there are limitations to what the eye can see or to what can be described. Far from reasserting the power of the eye-witness’s description to substitute for the reality of the event, the exemplary descriptions of unseen acts in Corneille’s Médée, his Horace, and Racine’s Phèdre first suggest the unreliability and lack of integrity of vision, then call upon the experience of other senses. We explore these multi-sensorial descriptions through the prism of ekphrasis, more usually associated with painting or music than with theatre, thus moving beyond the broader categories of rhetoricians and the exigencies of bienséance. Paradoxically these descriptions ultimately privilege the tactility of bodily experience over the testimony of the eyewitness, and thus invite a reconsideration of the sense of touch, which traditional interpretations of seventeenth-century tragedy often occlude from the experience and signification of these performances.

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