Regressive assimilation of voice in French
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En français, des séquences de deux sons consonantaux différents peuvent apparaître, parmi d’autres contextes, à travers deux mots, de façon que la première consonne se trouve à la finale du premier mot et que la deuxième se trouve au début du deuxième mot (par ex., ro b(e) fendue), les deux mots étant prononcés sans pause entre eux. Quelques auteurs proposent une analyse phonologique des deux sons selon laquelle la deuxième consonne ([f]) est le phonème (/f/) alors que la première consonne (/b/) subit le processus [b] > [p] par assimilation régressive de voix dans la réalisation de l’archiphonème /P/ qui résulte de la neutralisation de /p/ vs /b/. Je ne suis pas d’accord avec cette interprétation phonologique. En français, la première consonne est prononcée [b̥] (comme l’indiquent depuis longtemps les phonéticiens) qui est une variante combinatoire du phonème /b/, et les deux consonnes en question sont /b/ et /f/. Il n’y a donc aucune neutralisation de /p/ vs /b/. En français, dans un pareil cas, l’assimilation régressive de voix est indépendante de l’assimilation régressive d’énergie, non comme en russe où l’assimilation régressive de voix et l’assimilation régressive d’énergie sont concomitantes. Lorsque, en français, les deux consonnes différentes apparaissent comme dans ro b(e) fendue à la jonction de deux mots, il n’y a pas neutralisation là où on trouve [b̥] ( b de ro be). Ce qui n’est pas le cas lorsqu’une succession de deux consonnes différentes apparaît à l’intérieur d’un mot, comme dans mé decin [me tsɛ̃] et ane cdote [ane gdɔt]. Dans ces cas, il y a neutralisation là où [t] et [g] apparaissent. Les analyses phonologiques doivent être en accord avec, et se fonder sur, des observations phonétiques correctes.
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