Le nettoiement de Paris des années 1940 aux années 1970 entre mission de service public et petits services : regards des éboueurs et des usagers sur le service rendu
Type de matériel :
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Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, le nettoiement des rues de la capitale et la collecte de ses ordures sont pris en charge par la Ville de Paris. Service public municipal, le service de nettoiement tente donc de satisfaire au mieux l’intérêt général, qu’il s’agisse des impératifs d’hygiène ou, pour la période plus récente, des considérations esthétiques et de confort. Sur le terrain, les éboueurs rendent aussi aux habitants de « petits services » rétribués qui améliorent le service plus qu’ils le ne parasitent. A partir des années 1960, le service doit faire face à l’augmentation des ordures, difficulté renforcée par le manque de crédits qui empêche le renouvellement du matériel et un recrutement à la hauteur des besoins. Les conditions de travail d’une activité par nature difficile vont en empirant et, associées à l’absence de statut pour les éboueurs « saisonniers » immigrés devenus majoritaires à la fin des années 1960, sont à l’origine de grèves longues et dures, menées par la CGT, à la fin de notre période. Les usagers sont globalement mécontents du service et exigent toujours plus de propreté tout en n’hésitant pas à salir de nouveau un espace nettoyé. Malgré l’annihilation quasi immédiate de leur travail, les éboueurs font montre de conscience professionnelle car ils savent leur travail nécessaire à la vie de la cité.
The Cleaning of Paris from the 1940s to the 1970s Between Public Service and Small Favors : Views of Garbage Workers and the Public on Services Rendered. Since the second half of the nineteenth century, the city of Paris has taken care of street cleaning and collection of garbage. As a municipal public service, the cleaning service tries to satisfy the general interest, whether as a matter of hygiene or, most recently, as a response to considerations of comfort and aesthetics. While on the job, the garbage collectors also offer inhabitants « small favors » which increase more than disturb the quality of the service. In the post-1960s period, the service had to deal with an increase in the amount of garbage--a problem exacerbated by lack of money to update equipment and recruit more employees for the higher demand. Work conditions for a job already inherently difficult are getting even worse. Moreover, a great majority of garbage collectors are immigrants and consequently are not protected by the local government workers’statut. These are the main reasons for several long, difficult strikes led by the CGT at the end of our period. For the most part, the public is not satisfied with the service, and consistently demands higher levels of cleanliness at the same time that people think nothing of dirtying up a place as soon as it has been cleaned. Despite the fact that their work is almost immediately ruined as soon as they have done it, garbage collectors show a professional conscientiousness. They know their work is necessary to the life of the city.
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