Image de Google Jackets
Vue normale Vue MARC vue ISBD

La production d'un récit maîtrisé : les effets de la prise en note des entretiens et de la socialisation professionnelle.

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2008. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : La majorité des policiers interrogés lors d’une enquête par récit de vie se sont prêtés avec une grande familiarité à l’exercice biographique, au point de produire des entretiens maîtrisés. Ces dispositions narratives s’expliquent tout d’abord, en aval, par la mise en place matérielle de l’entretien. La discipline des policiers qui se prêtent au jeu de l’enquête (exigée explicitement ou implicitement par les supérieurs hiérarchiques), le non-enregistrement et la prise de note (gages de non-diffusion journalistique des données) ont été des atouts pour contourner le devoir de réserve des policiers, avec, néanmoins, des effets notables sur la forme même des entretiens : la production d’un récit qui se tient est de règle, aussi bien du côté des enquêtés que du côté du sociologue, contraint par la prise de note. À ce premier niveau d’interprétation de la bonne réception policière de l’enquête, il faut en ajouter un second, qui recense en amont les dispositions au récit de soi de la population étudiée. Lissage des détails biographiques embarrassants et héroïsation de soi sont des compétences narratives encouragées tout au long de la socialisation professionnelle et induites par les conditions de travail. Les policiers travaillent sur la matière même du discours. Le sociologue n’est ni le premier ni le dernier destinataire du récit de soi - ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’invente rien au moment de l’entretien et que les confidences intimes n’ont pas leur place dans l’échange. Pour mesurer la portée des paroles recueillies, il importe cependant de les inscrire dans une socialisation plus vaste au récit. L’objectivation des ressorts de l’« illusion biographique », loin de faire obstacle à la connaissance sociologique, est indispensable à l’analyse.Abrégé : Masters of the account. Effects of notetaking and of professional socialisation in interviews with police-officers Most police officers interviewed in a study requiring biographical accounts showed themselves to be masters of this type of production. Such narrative postures can firstly be accounted for by the material set-up of the interview. The discipline of the participating officers (whether this was explicitly or implicitly required of them by their superiors), and the use of notetaking instead of recording (which guaranteed against subsequent journalistic use of the data) were crucial ways of getting round the usual reservation shown by officers. However, there were impacts on the form of the interviews : producing a structured, logical account is essential, both for the interviewee and for the sociologist, who is constrained by the note taking process. This level of analysis is complemented by a consideration of preexisting familiarity with self-narration within the population under study. Smoothing over embarrassing biographical details and casting oneself as hero are narrative skills with are here encouraged throughout professional socialisation and provided for within working conditions. For police-officers, discourse is itself a material with which they must work. The sociologist is neither the first nor the last recipient of self-narration – which does not imply that nothing is invented during the interview, nor that confidential information is out of place in the dialogue. Measuring the scope of the collected accounts does however require them to be situated in a wider process of socialisation towards narration. Far from impeding sociological analysis, the question of the ‘biographical illusion’ is in fact indispensible to it.
Tags de cette bibliothèque : Pas de tags pour ce titre. Connectez-vous pour ajouter des tags.
Evaluations
    Classement moyen : 0.0 (0 votes)
Nous n'avons pas d'exemplaire de ce document

8

La majorité des policiers interrogés lors d’une enquête par récit de vie se sont prêtés avec une grande familiarité à l’exercice biographique, au point de produire des entretiens maîtrisés. Ces dispositions narratives s’expliquent tout d’abord, en aval, par la mise en place matérielle de l’entretien. La discipline des policiers qui se prêtent au jeu de l’enquête (exigée explicitement ou implicitement par les supérieurs hiérarchiques), le non-enregistrement et la prise de note (gages de non-diffusion journalistique des données) ont été des atouts pour contourner le devoir de réserve des policiers, avec, néanmoins, des effets notables sur la forme même des entretiens : la production d’un récit qui se tient est de règle, aussi bien du côté des enquêtés que du côté du sociologue, contraint par la prise de note. À ce premier niveau d’interprétation de la bonne réception policière de l’enquête, il faut en ajouter un second, qui recense en amont les dispositions au récit de soi de la population étudiée. Lissage des détails biographiques embarrassants et héroïsation de soi sont des compétences narratives encouragées tout au long de la socialisation professionnelle et induites par les conditions de travail. Les policiers travaillent sur la matière même du discours. Le sociologue n’est ni le premier ni le dernier destinataire du récit de soi - ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’invente rien au moment de l’entretien et que les confidences intimes n’ont pas leur place dans l’échange. Pour mesurer la portée des paroles recueillies, il importe cependant de les inscrire dans une socialisation plus vaste au récit. L’objectivation des ressorts de l’« illusion biographique », loin de faire obstacle à la connaissance sociologique, est indispensable à l’analyse.

Masters of the account. Effects of notetaking and of professional socialisation in interviews with police-officers Most police officers interviewed in a study requiring biographical accounts showed themselves to be masters of this type of production. Such narrative postures can firstly be accounted for by the material set-up of the interview. The discipline of the participating officers (whether this was explicitly or implicitly required of them by their superiors), and the use of notetaking instead of recording (which guaranteed against subsequent journalistic use of the data) were crucial ways of getting round the usual reservation shown by officers. However, there were impacts on the form of the interviews : producing a structured, logical account is essential, both for the interviewee and for the sociologist, who is constrained by the note taking process. This level of analysis is complemented by a consideration of preexisting familiarity with self-narration within the population under study. Smoothing over embarrassing biographical details and casting oneself as hero are narrative skills with are here encouraged throughout professional socialisation and provided for within working conditions. For police-officers, discourse is itself a material with which they must work. The sociologist is neither the first nor the last recipient of self-narration – which does not imply that nothing is invented during the interview, nor that confidential information is out of place in the dialogue. Measuring the scope of the collected accounts does however require them to be situated in a wider process of socialisation towards narration. Far from impeding sociological analysis, the question of the ‘biographical illusion’ is in fact indispensible to it.

PLUDOC

PLUDOC est la plateforme unique et centralisée de gestion des bibliothèques physiques et numériques de Guinée administré par le CEDUST. Elle est la plus grande base de données de ressources documentaires pour les Étudiants, Enseignants chercheurs et Chercheurs de Guinée.

Adresse

627 919 101/664 919 101

25 boulevard du commerce
Kaloum, Conakry, Guinée

Réseaux sociaux

Powered by Netsen Group @ 2025